[Compte-rendu] Plénière février 2022 : retraites et monde du travail !

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Pour cette première plénière de l’année, à laquelle ont participé une cinquantaine de personnes, le thème retenu est celui des retraites et de l’évolution du monde du travail. Pourquoi ? D’abord parce qu’il s’agit d’un sujet d’actualité mais aussi parce que nous nous sommes engagés à ce que les thèmes des plénières viennent de celles et ceux qui participent à la dynamique ! Or, le thème des retraites a été demandé lors des vœux. Au-delà de la seule pédagogie sur le sujet, l’objectif était également de profiter de la présence de Lisa Belluco, députée, pour nous faire part des débats à l’Assemblée nationale. 

 

Premier temps : Tout comprendre sur la réforme des retraites

 

Pour cette plénière, pas de présentation descendante mais plutôt un système de questions – réponses, suivi d’une discussion permettant d’approfondir ces thèmes. 

 

Avant de commencer, un petit mot d’introduction de Lisa. Deux semaines de débats se sont conclues vendredi dernier à minuit pile. Seuls les deux premiers articles sur vingt ont été votés, dont un rejet de l’article 2. Le texte sera présenté en commission puis en séance au Sénat la semaine prochaine. Il s’agit d’un texte étudié dans le cadre du projet de Loi de Finances Rectificatives de la Sécurité Sociale (PLFRSS) qui ne bénéficie que de 50 jours maximum. Pour autant, les mobilisation sont encore nécessaires !

 

Place aux questions ! Pour chaque question, différentes possibilités, des post-it de couleur ont été distribués aux participants afin d’avoir un aperçu visuel des réponses avant de donner la réponse. 

Première question : 

 

Visuellement, une majorité de “Faux” est brandie à cette question. On voit également quelques “verts et rouges” en simultanée. Lisa Belluco répond que selon le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), qui a produit une série de scenarii, il est démontré que pendant une dizaine d’années, le système va être légèrement déficitaire (jusqu’en 2032) et après cela rentre dans la normale. D’ailleurs, depuis 2010 les dépenses n’ont pas augmenté, ce sont les recettes qui ont légèrement baissé. Le Président du COR dit même que cette réforme est politique et que les dépenses sont contrôlées. 

 

Les participant·es précisent qu’en effet l’espérance de vie se stabilise, qu’il y a des questions sur les migrations et la natalité et que tous ces scenarii sont très incertains. D’autres s’étonnent de voir des bulletins vert (= oui, le système est danger) et pose la question de savoir si ce n’est pas le système par répartition qui est remis en  cause. Ce à quoi certains répondent qu’il faudrait plutôt parler de la poussée des systèmes complémentaires par capitalisation qui affaiblissent le système par répartition. 

 

Un dernier participant répond à tout cela en disant que le financement des retraites n’est pas en danger mais le système, lui, l’est. En il y a un débat colossal autour du nombre de cotisants par personne active, il y a un système qui reproduit les inégalités du monde du travail, il y a des risques de division très forts de la société. 

 

Lisa conclut en disant que toutes ces hypothèses sont des choix de société forts et, comme nous y reviendrons ensuite, cela pose la question du rapport au travail.

 

Deuxième question :

À cette deuxième question, beaucoup de bleu (20%), un peu de rose (15%). La réponse était un peu plus de 10%. Cela étonne et permet de mettre le focus sur le fait que toute l’analyse socio-économique, toutes les aides sociales sont conjugalisées et que cela gomme les carrières hachées, les temps partiels subis, etc.  Or, cette réforme ne l’a pas pris en compte et demander aux femmes de travailler deux ans de plus va encore plus les pénaliser. Une autre participante souhaite préciser que dire que 10% des femmes retraitées sont en situation de pauvreté ne veut pas dire que 90% ont une retraite correcte : pour beaucoup, elles dépendent de leurs maris ! 

 

Troisième question : 

De nouveau, les réponses sont partagées, pourtant la réponse était “faux” : ce sont 16% des plus de 50 ans qui sont ni en emploi ni en retraite. Lisa Belluco précise d’ailleurs que chaque réforme de recul de l’âge de départ à la retraite a engendré un pic des ruptures de contrat. Et cela n’est pas compensé par les soit disant mesures pour favoriser l’emploi des seniors. C’était le cas de l’index de l’emploi des seniors et c’est pour cela que bon nombre de députés demandent des mesures de coercition progressive. C’est en partie pour ces raisons que l’article 2 a été rejeté. 

 

Dans la salle, certains déplorent que les syndicats étaient d’accord avec l’index senior, mais que cette position n’a pas été respectée dans l’hémicycle et que le manque de débat est dur à vivre. 

 

Lisa Belluco reprend la parole et explique que cet index n’était pas efficace et que de toute manière ce vote ne sert à rien car les députés savaient qu’ils n’iraient pas au bout du texte. De plus cet article 2 était un cavalier législatif car il n’a rien à voir avec un sujet financier. 

 

Quatrième question :

Unanimité du public ! Tout le monde avait pu prendre connaissance de cette fake news débunkée par les socialistes ! De plus, Lisa Belluco précise qu’une forme de retraite minimum existe déjà et est inscrite dans la Loi Fillon : si elle était appliquée, les gens toucheraient 1108€ après une carrière complète. Aujourd’hui, avec une revalorisation le montant moyen serait d’environ 50-55€ par mois.

 

Cinquième question : 

 

Ce sujet étant partagé par l’ensemble des participants et le temps filant vite, nous passons rapidement à la dernière question (ci-dessous) pour indiquer qu’aujourd’hui l’espérance de vie moyenne (la bonne réponse était la jaune !) stagne et que cette moyenne cache des inégalités socio-économique fortes !

Deuxième temps : quel monde du travail pour demain ? 

L’objectif de ce temps est de revenir sur un point évoqué précédemment : il ne peut y avoir de débat sur les retraites sont penser le monde du travail dans son ensemble. On le voit, de nombreuses évolutions existent, de nombreux débats structurent la société : semaine de 4 jours, 32 heures, etc. Ainsi, l’objectif de cette plénière est de se poser ces questions et de pouvoir partager autour de ce sujet.

 

Première question : 

 

Pour cette première question, on retrouve un panel de couleur : du rouge, du vert, du “quatre à le fois”, … Les échanges montrent aussi qu’il manque des propositions. Par exemple : “le monde du travail est un monde paradoxal dans lequel on nous demande d’être plus productif, d’être meilleur mais où on ne nous permets plus de prendre de temps pour l’humain et la réflexion. On a plus de temps pour rien !” 

 

Un autre retour du public permet d’enchainer les quatre couleurs : “au début de l’épanouissement, puis après, une obligation économique mais qui m’a permis d’acquérir des compétences et à la fin j’ai fini fatiguée !” 

 

Une autre partie des échanges permet de constater des divergences générationnelles, certain·es constant une différence de vision entre les jeunes et néo-entrants dans le marché du travail et les plus agé·es. 

 

Enfin, en anticipation d’autres questions, il est demandé de pouvoir ajouter le sentiment d’utilité sociale. 

 

 Deuxième question :

Pour cette deuxième question, on retrouve beaucoup de post-it jaune et rose ! Cependant des prises de parole insistent pour dire que “la rémunération c’est le nerf de la guerre !”. En effet “pour se poser la question du sens il faut pouvoir se le permettre financièrement”. Il y a là un désaccord : un témoignage nous explique que “aujourd’hui je fais un métier qui a du sens pour moi mais je gagne moins que le smic !”

 

De nouveau, un décalage générationnel est exprimé : “avant j’étais étudiant dans une école d’ingénieur et maintenant j’y reviens pour rencontrer les nouveaux étudiants. Je vois un changement de mentalité : avant, l’objectif c’était l’aéronautique et l’automobile, faire carrière et gagner beaucoup d’argent. Aujourd’hui, clairement, l’objectif c’est le changement climatique et se poser la question du sens du métier”. 

 

Enfin, un dernier retour exprime l’impact du numérique dans les manières de travailler : les 35 heures n’existent plus, le droit à la déconnexion n’est pas respecté. Cela pose la question du télétravail qui en plus des points précédents fait perdre du temps d’équipe qui lui est perçu comme non productif. 

Troisième question : 

 

Si les avis sont partagés et que la salle se colore d’une mosaïque de post-its, certain·es expriment ne pas se retrouver dans ces propositions négatives. D’autres disent que le plus difficile c’est de trouver l’équilibre entre le professionnel et le personnel. 

 

Par ailleurs, au-delà des propositions, affichées, le public signale que le monde du travail est extrêmement violent, il exclut beaucoup de personnes, il est extrêmement discriminant. 

 

La pénibilité est quand même évoquée : un témoignage signale qu’après 26 ans dans la même boite, à faire les 3 huits, il n’y a aucune amélioration et que ce n’est pas la prise en compte de la pénibilité dans la loi qui améliore les choses. 

 

L’évocation de ces débats pose la question d’une prochaine plénière sur le revenu universel !

Quatrième question : 

 

Pour cette dernière question du deuxième temps, un mélange de rose et de vert apparaît. Se pose également la question de favoriser les temps de mutation. Quelle possibilité donne-t-on aux gens pour s’adapter aux mutations du monde du travail ? 

 

De nouveau il est proposé de rajouter un post-it : que le travail puisse être choisi et pas subi ! À cette suggestion une question est évoquée : choisir son temps de travail, est-ce compatible avec une retraite par répartition ? 

 

Une suggestion de lecture et une information pour conclure : lire André Gorz qui explique que le temps de travail salarié diminue de tout temps d’une part, suivre le programme du Festival “Filmer sur le travail”, notamment sur le travail informel !

 

Troisième temps : les 1001 portes et prochains rendez-vous !

 

Nous en avons déjà parlé, retour sur le défi 1001 portes, toutes les informations à retrouver en cliquant à ce lien ! 

Prochaine étape : une formation ouverte à toutes et à tous, le 19 mars, avant de se lancer dans l’aventure !