Le 13 mars dernier, Poitiers Collectif vous invitait à sa deuxième plénière publique. L’objectif : construire ensemble ! Parce que c’est le coeur de notre engagement citoyen et que pour porter un projet collectif il est nécessaire de réunir toutes les énergies, toutes les idées, toutes les voix, nous voulions réunir les 10 groupes de travail au cours d’une même soirée.
Ce 13 mars, chacun a donc pu apporter ses idées, échanger, découvrir les réflexions en cours, proposer des ressources et enrichir les débats. Une cinquantaine de participants ont pu parler éducation, jeunesse, quartiers, économie circulaire, espaces publics, mobilité ou encore action sociale, sécurité, temps libre et économie.
Après différents temps de découvertes des 10 groupes et de discussions, nous vous proposons ci-dessous une synthèse des restitutions par thématiques.
Groupe 1 – Sécurité et lutte contre les discriminations :
Le groupe « Sécurité et lutte contre les discriminations » a rappelé combien le sentiment de sécurité est un droit fondamental, trop souvent mis à mal dans l’espace public comme dans la sphère privée. Ensemble, les participants ont questionné ce que recouvre réellement le mot « sécurité » : tranquillité publique, oui, mais aussi insécurité sociale, économique, environnementale… Le groupe a ainsi insisté sur l’importance d’une approche transversale, attentive aux vécus très différents selon les quartiers, et à la place trop souvent invisibilisée des femmes et des minorités. Plusieurs propositions concrètes ont émergé : renforcer la formation des agents, créer une grille d’évaluation des politiques publiques intégrant l’égalité, mieux prendre en compte les besoins spécifiques en matière d’accessibilité, ou encore sanctuariser des espaces d’écoute et de ressources, comme une maison des femmes et des personnes LGBTQIA+. Enfin, la question du sentiment d’insécurité a été posée avec force : comment le mesurer, le considérer, y répondre ? Une réflexion nécessaire, à poursuivre collectivement. Ce groupe est facilité par Vincent et Amir.
Groupe 2 – Ressources essentielles :
Le groupe « Ressources essentielles » s’est penché sur les piliers vitaux de notre quotidien : eau, air, énergie, alimentation et lien au vivant. Autour de ces thématiques, les participant·es ont insisté sur l’urgence de repenser notre rapport aux ressources naturelles, en privilégiant la sobriété, la solidarité et la résilience locale. Côté eau, plusieurs propositions ont émergé : récupération et réutilisation de l’eau de pluie, tarification sociale et équitable, préservation de la qualité de l’eau potable, et anticipation des tensions liées à son partage. Le lien entre eau et agriculture a aussi été souligné, avec la nécessité de soutenir une agriculture paysanne et économe en ressources.
En matière d’air et d’énergie, le groupe a évoqué l’importance de surveiller la qualité de l’air et de développer des moyens de chauffage moins polluants, notamment via la rénovation énergétique des bâtiments. Sur la question de l’alimentation, les participant·es ont proposé de renforcer les jardins partagés, d’installer davantage de zones humides et de favoriser des circuits courts, respectueux du vivant et de la bientraitance animale. Enfin, l’idée d’une véritable « culture de la ressource » a traversé les échanges : une vision systémique, éducative et engagée pour construire une ville résiliente et respectueuse des équilibres écologiques.
Groupe 3 – Action sociale
Du côté du groupe « Action sociale », les échanges ont fait émerger une volonté forte de penser le logement comme un levier d’inclusion et d’émancipation. Pour les participant·es, il ne s’agit pas seulement d’offrir un toit, mais de construire des lieux de vie favorisant l’entraide, la mixité et l’intergénérationnel. L’exemple du quartier Forest à Bruxelles a inspiré des idées concrètes : créer des espaces partagés, végétalisés et accessibles dans les immeubles, y inclure des permanences sociales pour l’éducation ou l’aide administrative, et encourager l’interculturalité. Le groupe a aussi proposé d’utiliser les chantiers de rénovation comme outils de réinsertion, en lien avec les bailleurs sociaux, pour permettre à des personnes éloignées de l’emploi – y compris issues de la délinquance – d’acquérir une expérience valorisante. Autres pistes évoquées : le respect des quotas de logements sociaux sur la ville, la lutte contre l’insalubrité, ou encore la mise en place d’un « permis de louer ». Autant d’idées pour faire de l’action sociale une politique de lien, d’autonomie et de dignité. Ce groupe était animé par Louise et est facilité par Clémence.
Groupe 4 – Mobilité et entretien des espaces publics
Le groupe « Mobilité et entretien des espaces publics » a partagé une multitude de propositions concrètes pour améliorer le cadre de vie et les déplacements du quotidien. Côté voirie, les participant·es ont insisté sur la nécessité de rénover les axes routiers dégradés, notamment les rues et trottoirs pavés, et de mieux entretenir les espaces publics en général. Des idées ont émergé pour faciliter la gestion des déchets : expérimentation de la redevance incitative, développement de zones de dépôt temporaire lors des périodes de taille, meilleure accessibilité des déchetteries pour les acteurs du réemploi, et mise à disposition de petits bacs de bio-déchets dans les quartiers. L’ajout de composteurs au pied des immeubles, de broyeurs ambulants et ont aussi été proposés. La question du nombre de collecte a été posée.
Du côté de la mobilité, les échanges ont d’abord souligné les points positifs : le Pont Neuf et la gratuité des bus le samedi. Puis, les participants ont mis l’accent sur le développement du vélo : création de voies cyclables sécurisées, continuité des itinéraires, parkings à vélo couverts, ou encore signalétique plus visible pour les pistes. La cohabitation entre les modes de transport a également été évoquée, tout comme le stationnement, avec l’idée de renforcer les places réservées aux soignants ou à d’autres professions spécifiques. La question de la rénovation du parking Notre-Dame a également été évoquée.
Enfin, le groupe a souligné le besoin d’une présence plus visible de poubelles dans l’espace public, et d’un engagement collectif pour une ville plus propre, plus fluide et plus agréable à vivre.
Groupe 5 – Temps libres
Le groupe « Temps libres » a interrogé la place des loisirs dans nos vies, en distinguant temps actifs et passifs, activités choisies ou contraintes, et en soulignant leur rôle dans le lien social. Les discussions ont mis en lumière la richesse culturelle et sportive de Poitiers, trop souvent méconnue. Le groupe a également fait le lien entre la culture et le sport, parfois opposés et pourtant complémentaires et relevant des mêmes bienfaits sociaux. La question prioritaire de l’accès aux activités et aux droits cultures a été posée. Mais également celle de comment mieux soutenir les initiatives habitantes, comme les festivals chez l’habitant·e ? Comment rendre visible l’agenda culturel dans toute sa diversité ? Une application recensant les événements a été proposée, de même que des animations autour du patrimoine vivant, en lien avec les habitant·es. Côté sport, les participant·es ont salué la vitalité des pratiques amateures et la diversité des équipements, tout en appelant à valoriser des approches non compétitives, centrées sur le bien-être, la santé et la convivialité. Enfin, le groupe a souligné la nécessité de faire dialoguer acteurs culturels et sportifs, en interrogeant les représentations collectives que portent la scène ou la pelouse, les salles ou les tribunes.
Groupe 6 – Gouvernance et participation citoyenne
Le groupe « Gouvernance et participation citoyenne » s’est attaqué à une question de fond : comment revitaliser notre démocratie locale et lutter contre le désintérêt grandissant vis-à-vis de la politique ? Comment donner envie de donner son avis ? À partir d’un constat partagé de défiance, les participant·es ont proposé d’interroger en profondeur le bilan des dispositifs existants – budgets participatifs, assemblée citoyenne et populaire – pour en évaluer l’impact réel. La discussion a mis en lumière le besoin de faire communauté dans une ville parfois perçue comme cloisonnée entre les différents quartiers (donc créer des événements inter-quartiers ?), ou peu dynamique notamment par une partie des étudiant·es. Plusieurs idées concrètes ont émergé : désigner des « porte-voix » pour aller recueillir la parole citoyenne sur le terrain, créer une application recensant tous les événements festifs et solidaires du territoire, imaginer une instance citoyenne spécifique aux étudiants ou encore renforcer la communication dans les lieux de passage, créer des lieux d’information citoyenne. Mais au-delà des outils, le groupe a posé des questions essentielles : qui se sent légitime à participer ? Pourquoi certains dispositifs restent-ils peu inclusifs ? Faut-il repenser la manière d’accueillir les nouveaux habitants en décentralisant les cérémonies d’accueil ? Autant de pistes pour reconstruire une culture politique vivante, populaire et partagée.
Groupe 7 – Jeunesses et éducation
Le groupe « Jeunesses et Éducation » s’est penché sur plusieurs enjeux cruciaux, du lien entre parents et école à la place des jeunes dans la ville. Comment renforcer le dialogue entre familles, établissements scolaires et acteurs municipaux ? Les participant·es ont rappelé le rôle central du périscolaire pour favoriser cette articulation, tout en pointant les difficultés liées aux horaires de travail des parents, en particulier dans les familles monoparentales. Le débat a aussi porté sur la baisse des financements de l’État et les conséquences sur la qualité de l’accueil avant et après l’école. Autre thématique abordée : l’éducation à l’alimentation. Le groupe a formulé le souhait de reconnecter les enfants à ce qu’ils mangent, en s’interrogeant sur le rôle que la Ville pourrait jouer pour créer davantage de proximité avec les équipes de cuisine et promouvoir une alimentation plus saine. Enfin, les discussions ont élargi le champ de réflexion à l’échelle universitaire : comment Poitiers peut-elle devenir une ville où les étudiant·es ont envie de rester ? La question de l’insertion professionnelle et du lien entre campus et territoire a été posée avec acuité, appelant à une nouvelle dynamique entre vie étudiante et vie locale.
Groupe 8 – Ville nature et résiliente
Le groupe « Ville nature et résiliente » a proposé une vision systémique de la résilience urbaine, en articulant les enjeux humains, non-humains et urbains. Sur le volet humain, les participant·es ont insisté sur l’accès universel à l’eau potable, y compris pour les plus précaires (avec des tarifs sociaux sur les premiers m3), en anticipant les obligations de 2028. La création de fontaines publiques, un tarif solidaire de l’eau, ou encore la promotion de l’auto-alimentation par des dispositifs publics et des aides ciblées ont été avancés. Du côté du vivant non-humain, la végétalisation et la biodiversité sont apparues comme des leviers essentiels : renaturation, multiplication des baignades naturelles, soutien aux initiatives éducatives comme le pollinarium, ou encore développement d’une ville « à hauteur d’enfant ». Enfin, sur le plan urbain, le groupe a proposé d’adapter les bâtiments au changement climatique (confort d’été, isolation, ouverture des lieux publics en cas de canicule), de rénover massivement les logements sociaux et de favoriser l’auto-construction légère. L’idée d’une ville sobre en eau, inclusive, et construite en hauteur plutôt qu’étalée a conclu les réflexions, dans un souci d’articulation entre écologie, justice sociale et qualité de vie. Ce groupe a notamment émis l’idée du « Territoire à biodiversité positive » qui a semblé réunir l’enthousiasme de l’ensemble des participants.
Groupe 9 – Économie(s)
Le groupe « Économie(s) » a dressé un panorama complet de l’économie locale, entre constats, leviers d’action et propositions concrètes. À Poitiers, 50 % des emplois relèvent du secteur public, avec un tissu de services dense et une forte présence de l’économie sociale et solidaire (12 % des emplois). Cette structure confère une certaine stabilité face aux crises, mais pose aussi la question de la diversité économique. Les participant·es ont évoqué la nécessité de mieux comprendre le fonctionnement économique de la ville et d’orienter davantage les marchés publics (près de 500 M€ au total) vers les acteurs locaux, malgré les contraintes juridiques actuelles. L’enjeu de soutenir les monnaies locales, comme le Pois, a aussi été discuté, en lien avec des visions plus transformatrices comme le salaire à vie ou la dotation inconditionnelle d’autonomie.
Le groupe a partagé plusieurs observations de terrain : apparition de boutiques éphémères, dynamique artisanale encore fragile, job datings dans les quartiers. Les participants ont évoqué la nécessité de faire un bilan de ces différentes actions. Des questions égalements sur les grands projets identifiés comme celui du quartier de la Gare. Des propositions concrètes ont été formulées : collecte d’objets par les associations du réemploi via un service municipal, soutien à l’économie circulaire, à l’habitat écologique et à l’artisanat. Trois piliers ont guidé les échanges : faire de Poitiers une ville engagée face au changement climatique, solidaire dans l’accès à la dignité, et démocratique dans sa gouvernance économique.
Groupe 10 – Quartiers
Le groupe « Quartiers » a orienté sa réflexion autour de la fabrique de la ville au plus près des habitant·es, en croisant les enjeux de sécurité, d’emploi, de logement et de politique de la ville. La discussion a mis en évidence l’importance des maisons de quartiers comme leviers d’animation sociale et de lien entre les acteurs. Pour renforcer cette dynamique, le groupe propose de créer un questionnaire à diffuser auprès des partenaires locaux – associations, clubs de sport, commerçant·es, établissements scolaires, médiateurs, bailleurs sociaux, police municipale, etc. – afin de mieux comprendre les besoins et les actions sur le territoire. Enfin, plusieurs contacts ont été identifiés pour poursuivre les échanges avec des structures comme Ekidom, les clubs de sport, ou encore les centres sociaux, afin de poser les bases d’une politique de quartier ambitieuse, ancrée dans le réel et pensée avec celles et ceux qui y vivent.
À l’issue de ces restitutions, l’ensemble des groupes ont pu croiser leurs idées, créer des liens et des ponts entre eux. Le pot convivial a été l’occasion de poursuivre les échanges et chaque groupe a pu se donner rendez-vous pour les prochaines échéances ! Envie de les rejoindre ? Ce n’est pas trop tard, vous pouvez vous inscrire ici !