3 juillet 2019 – Baffalou
Présentation des intervenants
- Florent, Le Baffalou, bar à jeux ouvert à Poitiers depuis un mois
- Bénédicte, La Toupie Volante, ludothèque itinérante, localisée aux Usines à Ligugé
- Sylvain, Dé à 3 faces, magasin de jeu de société
- Charles, Escape Yourself, Boulevard Grand Cerf
- Marina, Bourse à dés, association d’animation/jeux de rôles
- Mippeul
L’écosystème local du jeu est dynamique puisqu’il y a 49 structures ludiques à Poitiers (boutiques, commerçants, ludothèque, éditeur…). On peut donc affirmer qu’il y a une large surreprésentation de cette activité relativement à la taille de notre ville.
Quelles actions et difficultés rencontrées par les acteurs ?
- Baffalou : organisation de soirées à thème, quiz, jeux de rôle. Il n’y a pas assez de recul aujourd’hui pour formuler des besoins auprès de la mairie. Les démarches administratives d’installation assez lourdes dans un secteur sauvegardé.
- Toupie Volante, existe depuis 5 ans : petite santé financière avec un salarié en contrat aidé, pas de subvention des collectivités, de la mairie. Le soutien de la CAF est conditionné à un soutien des collectivités, donc c’est compliqué.
- Escape Yourself : une difficulté est de faire connaître l’offre de l’entreprise, notamment le dimanche. La ville pourrait faciliter l’activité le dimanche car il peut y avoir une offre d’activité mais il faut plusieurs types de commerces/lieux de loisirs/restauration ouverts pour permettre un « parcours » sur une partie de la journée. La Mairie de Poitiers a le projet de faire un escape game dans la ville, mais elle ne réalise pas l’anticipation nécessaire sur la création des scénarios et les questions de sécurité : il faut compter au moins 6 mois de préparation !
- La Bourse à dés : pas de difficulté particulière avec la Mairie, besoin de faciliter les démarches de subvention, c’est parfois un peu lourd pour une association.
- Mippeul : a organisé le FJP en partenariat avec Poitiers, est très volontaire pour participer à des événements.
Il y a une difficulté spécifique sur le foncier : les loyers du secteur de la gare sont moins chers que sur le plateau, même si paradoxalement, c’est un secteur sauvegardé (problème de concentration de la propriété des locaux boulevard du Grand Cerf, très peu de propriétaires différents). 400 m² = loyer de 3000€/3500€ HT. C’est deux fois plus sur le plateau.
Globalement, le fait qu’il y ait certains propriétaires qui détiennent beaucoup de locaux pose problème. Ils ne sont pas toujours très à l’écoute des besoins des commerçants et préfèrent favoriser les baux précaires.
Activité de programmation musicale : la Mairie est très interventionniste pour organiser ses concerts mais ne laisse pas assez de liberté aux commerces/associations pour organiser leurs propres événements.
Est-ce que les acteurs du jeu travaillent ensemble à Poitiers ?
Il n’y a pas eu de réunion des 49 acteurs ludiques de Poitiers !
Bar : tout nouveau, mais a déjà rencontré plein d’acteurs. Très ouvert à structurer des partenariats, des actions communes dans la ville.
Associations :
- Plusieurs événements organisés de façon conjointe (La Toupie Volante), notamment l’organisation du 14 juillet, où plusieurs structures sont invitées par la Mairie pour un événement sur le Jeu. Partenariats voire fusions d’associations.
- Les associations privilégient les achats de jeux dans les boutiques du centre ville : c’est un choix pour favoriser les « circuits courts » du jeu.
- Bourse à dés est adhérent de Radio Pulsar, et anime une émission hebdomadaire. C’est un moyen de promouvoir le jeu, de valoriser des petites associations locales…
Commerce centre ville :
- Installation du nouveau magasin : la plupart des acteurs sont venus se présenter, c’est agréable !
- Les associations locales se fournissent chez nous.
- Les 3 boutiques sont différentes, chacune a une approche différente. Dé à 3 faces : spécialisation jeu de figurines / jeu de société / jeux traditionnels. Laboratoire de Merlin : jeux de cartes à collectionner. Excalibur : Gros jeux de plateau. Chaque association choisit donc son magasin selon ses envies du moment, ses spécialités…
Escape Game :
- Travaille avec de très nombreux acteurs sur Poitiers.
- Escape Game aussi intervient avec les associations.
- Fait partie du club d’entreprises de Radio Pulsar, et à ce titre il participe un peu aux finances de l’association. Ils vont sponsoriser l’émission « Les Plaisirs ludiques » pour l’aider à se développer sur Poitiers, en faire un support de lien pour les gens…
- Il y a aussi la volonté de travailler avec les entreprises locales, pour leur proposer des services, etc.
- Liens avec les étudiants de l’Université.
- Envie forte de travailler avec les acteurs locaux.
- L’ensemble des acteurs semble très partant pour collaborer ! 😊
Événements qui comptent à Poitiers et à proximité :
- Gamers Assembly ;
- FLIP à Parthenay ;
- Poitiers Geek Festival (une franchise, invitée à l’initiative de la Mairie, pas assez d’association des acteurs locaux) ;
Une collaboration plus globale est-elle possible ? D’autres idées pour Poitiers ?
Un événement dédié au jeu à Poitiers ? Par exemple le festival annuel organisé par la ville de Rouen, idée à reprendre ?
L’accessibilité (financière) des événements organisés sur Poitiers est un problème : par exemple le Poitiers Geek Festival, 1400 euros pour le WE + les salaires, ça fait plus de 2000 euros le WE, c’est inaccessible pour les petites structures. A la Foire de Tours, par exemple, le tarif est moitié moindre. Les tarifs doivent favoriser la participation des entreprises locales.
Il est important de permettre l’association de l’ensemble des acteurs aux événements organisés, prioriser le recours aux acteurs locaux pour l’animation des gros événements. Cela pourrait être facilité par un interlocuteur unique au niveau Mairie.
Thématique de « jouer tout au long de la vie », « jouer à tout moment de la journée »… Il est important d’arrêter d’associer le jeu à l’enfance, s’adresser à tous les âges de la vie. Il faudrait aussi permettre l’association des acteurs ludiques à des événements non dédiés au jeu.
Poitiers doit mieux valoriser son identité associée au jeu : il y a un écosystème exceptionnel ! Libellud, proximité du FLIP et de la Gamers Assembly… Il y a une richesse associative exceptionnelle pour ce nombre d’habitants. Il y a un potentiel de reconnaissance nationale et internationale. Ne serait-ce que les poitevins qui n’en sont pas conscients !
Est-ce que la saisonnalité de la ville étudiante a une influence sur votre activité ?
- Associations : Il y a un petit effet, mais il y a aussi beaucoup d’habitués, donc l’activité a minima est maintenue l’été. Pour l’association La toupie volante, qui vit sur des prestations, août est un « mois mort ».
- Escape game : Saisonnalité très marquée. Activité presque inexistante en mai-juin. Gain d’activité énorme à Noël, car les gens ont envie d’être ensemble. Idée : faire de « Poitiers l’été » l’occasion d’organiser des événements autour du jeu, aussi dans une visée touristique ? En lien avec le FLIP ?
Autre problème : les étudiants ne savent pas que des tarifs existent spécialement pour eux.
- Commerce. Noël grosse période. Juin période la plus calme. Juillet ça revient avec les touristes. Idem : la ville devrait s’appuyer sur les touristes pour valoriser son identité liée au jeu, et vice versa. Et il faut casser l’idée que « en août, il n’y a personne », car août est mon 2e mois !
- Baffalou : le 1er mois (juin) a marché du tonnerre !
Comment faire vivre le jeu « vivant » ?
Contrairement à ce qu’on croit, la Gamers Assembly favorise aussi le jeu de société, ce sont souvent les mêmes communautés, et ça leur fait une occasion de se retrouver et de faire communauté. C’est complémentaire, et pas concurrent. Dans tous les cas (jeux vidéos, escape game, jeu de société…), les gens aiment se rassembler !
Est-ce que des liens existent avec Angoulême, sur le numérique ?
Il n’y a pas de lien particulier avec le numérique. Mais Libellud en a, notamment via la filiale Libellud digital (cf. Shadows Amsterdam).
Quelles sont les « tendances » du Jeu de demain ?
- Réalité virtuelle – Mix jeu « physique » / jeu numérique.
- Retour de « vieux jeux ». Grands jeux en bois. Mode du « vintage ».
- De manière générale, les gens jouent de plus en plus. Et comme le parcours « classique » va du jeu d’ambiance vers le jeu « expert », peut-être qu’on va avoir un essor des jeux experts, plus compliqués, etc.
- L’Escape game en France est encore récent, 2013 pour la première fois à Paris, 2015 à Rennes. Personne n’imaginait autant d’engouement. Les plus vieilles structure d’Escape ont 4 ans. 600 enseignes en France, dont ¾ d’indépendantes. Activité encore émergente, il y a peu de structuration, peu de formations existantes en matière de Game Design.
Il n’y a pas de formation de « game design » et peu de formations liées au jeu au sens large. Ca passe aujourd’hui par une co-formation entre pairs, au niveau mondial. « Game chef » , concours de création de jeux au niveau mondial ; « game jam » au FLIP. Une idée serait de créer une école du jeu à Poitiers ? Parcours de formation à l’Université ? Game design (il y en a 8 en France… dont 5 à Poitiers !), marketing spécifique, développement… Attention toutefois, ça reste une niche. Ça commence à arriver à Toulouse. Et ça devrait aller avec le fait de faciliter l’installation des entreprises / structures de ce secteur au sens large.