Poitiers Collectif : notre liste est déposée !
Pourquoi une liste similaire à celle du premier tour ? Cette décision suscite de nombreuses déceptions et incompréhensions, légitimes, mais face auxquelles un récit simpliste ne saurait suffire. Les débats font partie de la vie politique ; mais alors que les échanges se poursuivent dans la presse, sur les réseaux sociaux, et dans les foyers, je ne souhaite laisser planer aucun doute sur l’intégrité de mes colistiers et colistières, sur l’intégrité du projet écologiste, solidaire, démocratique, que nous portons pour Poitiers. Pour celles et ceux que le sujet interpelle, je vous donne à lire mon récit.
Osons Poitiers est la première démarche politique que Poitiers Collectif a sollicité il y a deux ans, lorsque nous n’avions ni la méthode, ni le nom du projet, ni le programme, évidemment. Une main tendue refusée, avec violence.
Ensuite, depuis deux ans, nous avons tendu la main, ouvert les bras, à toutes les démarches politiques de la gauche progressiste à Poitiers. Animés par une démarche de rassemblement, nous avons réussi à travailler avec 7 d’entre elles, de différentes manières, et nous avons consacré énormément d’énergie à construire ce rassemblement de personnes, d’organisations très diverses – parce-que construire un projet en commun, dans une logique citoyenne, ça prend du temps. Une seule organisation manque aujourd’hui à l’appel, ayant délibérément fait le choix de l’opposition, depuis deux ans.
Depuis deux ans, avant le premier tour, dans l’entre-deux tours, nous subissons de la part des représentants de Osons Poitiers une campagne de dénigrement d’une violence rare, s’attaquant à notre démarche, notre programme, nos colistiers et colistères : sur les réseaux sociaux, dans les marchés, dans la presse, jusque dans leur matériel de vote officiel. Poitiers Collectif n’a jamais répliqué, tenant bon sur notre ligne « proposer une alternative, plutôt que nous opposer ». Mais en quoi cela servait-il notre cause commune de nous désigner comme les ennemis ? N’aurions-nous pas pu, à défaut de liste commune, avancer en parallèle, respectueusement ?
A la suite du premier tour, nous avons tenté d’établir une relation de confiance, en prenant contact dès le lendemain pour proposer la rédaction d’un texte commun comme première étape d’une négociation (proposition d’emblée refusée par nos interlocuteurs) ; les contacts n’ont jamais été coupés depuis, et nous avons expliqué aux représentants de Osons 2020 notre volonté de construire ensemble hors la presse, dans un calendrier permettant la consultation démocratique de nos candidat.e.s… Pourtant, en toute connaissance de cause, le choix de la pression publique a été fait par les représentants de Osons, en amont de la consultation de nos candidats. Des mensonges délibérés, selon lesquels nous n’aurions par exemple pas communiqué avec eux.
Cette explication est longue, bien plus longue qu’un récit très simple à entendre par le grand public « Osons tend la main à Poitiers Collectif, qui la refuse ». C’est bien toutes ces tambouilles politiques dont nous ne voulons plus, qui dégoûtent les citoyens, qui trahissent selon nous une partie de l’électorat qui ne s’y reconnaîtrait pas, qui ont conduit à ce qu’une majorité de nos candidats s’exprime contre un accord politique avec Osons 2020. Aurions-nous pu travailler ensemble pendant six ans, avec une telle défiance interne ? Aurions-nous pu proposer aux poitevines et aux poitevins une équipe suffisamment soudée pour répondre aux enjeux majeurs auxquels nous devrons faire face une fois élus ? Et surtout : nous sommes une démarche citoyenne, qui a convaincu de nombreux électeurs et électrices sur une double promesse : nous souhaitons porter un projet résolument écologiste, solidaire, démocratique, ET redonner confiance en la politique, en disant stop aux pratiques politiciennes destructrices de la confiance citoyenne.
Bien sûr, nous sommes conscients de la perception que vous pouvez avoir de cette décision, de la déception de certain.e.s d’entre vous, nous étions aussi nombreux à plaider pour tenter de construire, encore, malgré les barrières. Notre décision a fait l’objet de débats, les même débats qui animent aujourd’hui un certain nombre de poitevines et de poitevins, mais elle a été prise de manière démocratique. Aucune des deux listes encore en lice à Poitiers ne peut en dire autant, eux dont les candidat.e.s ont probablement appris dans la presse les tractations entre la tête de liste Alain Claeys, et le député LREM Sacha Houlié, à leur sujet.
Les responsabilités sont partagées dans la division des listes à Poitiers. La remise en question fait partie des pratiques de Poitiers Collectif, nous en prenons toute notre part, quant à l’image que nous pouvons renvoyer, quant à notre manque d’anticipation de cette situation.
Mais ce que je retiens de cet épisode, c’est que ni l’opposition systématique, ni le dénigrement, ne rendent service à l’écologie politique, et au renouvellement politique auquel nous sommes nombreux à aspirer.
Ce que je retiens aussi, c’est que la vigilance citoyenne doit elle-même interroger ses propres aspirations : l’envie de rassemblement de programmes similaires, et en même temps, le ras-le bol de la politique qui rimerait forcément avec violence, coups bas, opacité. N’attendons pas, lors de nos prochains combats, pour refuser tout autant la division, que les comportements qui y conduisent.
Aujourd’hui, avec Poitiers Collectif, nous ne souhaitons pas renier l’une ou l’autre de ces aspirations. Nous proposons aux électeurs et aux électrices un projet politique de transformation écologique, social, démocratique, ET une équipe pour le porter prête à faire des choix difficiles au nom de ses convictions. Une équipe diverse, ouverte, qui a travaillé pendant plus de deux ans pour apprendre à travailler ensemble et être à la hauteur. Nous voulons vraiment renverser la table de la politique à l’ancienne, c’est une preuve, s’il en était besoin, du caractère profondément, structurellement citoyen de notre démarche.
Enfin, pour Poitiers Collectif, la co-construction et le soutien à la vie militante ne s’arrêtent pas au soir du 2nd tour. C’est le sens de la tribune que nous avons fait paraître, c’est le sens de la concertation et de l’écoute des projets citoyens que nous mettrons au cœur de toute notre action, c’est aussi le sens des instances démocratiques que nous créerons. De même que nous l’avons proposé au NPA, nous n’excluons pas Osons 2020, et toutes celles et tous ceux qui s’y reconnaissent, du futur de la ville. Sans contrepartie.
C’est un projet qui peut ne pas convaincre celles et ceux qu’un fonctionnement plus traditionnel rassure, nous l’entendons. Mais c’est notre proposition pour Poitiers demain. Toutes celles et ceux qui le souhaitent ont désormais en main toutes les clés pour faire un choix en responsabilité, le 28 juin.
Léonore Moncond’huy, tête de liste de Poitiers Collectif.