Après un début de semaine très intense qui nous a conduit à réduire la communication sur le site, il nous a semblé nécessaire de vous raconter le quotidien de Poitiers Collectif depuis dimanche, soir de la victoire.
Dimanche 28 juin, 18h, les bureaux de vote ferment leurs portes. Les chiffres de la participation ne sont pas satisfaisants, voire inquiètent. Difficile d’anticiper les résultats, c’est le flou, il faut se préparer à toutes les éventualités. Le dépouillement commence. Les premières centaines sont excellentes. Pas d’euphorie, ce sont “nos” bureaux de vote. Les premiers bulletins des quartiers où notre score n’était pas satisfaisant au premier tour arrivent, les résultats sont bons.
18h30, un sms arrive au QG de Poitiers Collectif : “vous avez gagné”. L’expéditeur : un colistier d’une liste concurrente. Pas d’excitation, nous restons concentrés sur la remontée des résultats.
18h55, un tweet, la surprise, Alain Claeys reconnaît sa défaite, on continue à remonter les résultats. On croit à une “fake news”. C’est irréaliste. La tête de liste finalise les éléments de langage, préparant avec autant d’attention son discours de défaite et son discours de victoire. Au cas où. On tente de garder la tête froide, la candidate confie à la presse rester prudente sur les résultats et attend confirmation.
Rapidement l’euphorie, un tel écart, on ne l’avait pas prévu.
Les journalistes déboulent, avalanche de messages, d’embrassades et d’appels.
La rue entre le local de campagne et le Baffalou se remplit progressivement de militant.e.s et de sympathisant.e.s qui à la lecture du tweet n’en reviennent pas. Certains pleurent de joie et pas que les plus jeunes. Au moins 200 personnes arrivent, applaudissent, se prennent dans les bras. Soudain une voiture approche en klaxonnant devant la foule : ce sont Les Fourmis qui viennent fêter la victoire. Léonore attend l’arrivée de tous les assesseurs avant de s’exprimer devant toutes celles et ceux qui ont travaillé jour et nuit pendant deux ans pour cette victoire.
21h, l’arrivée à la mairie. Les militant.e.s et les sympathisant.e.s venu.e.s fêter la victoire au Baffalou sont invité.e.s à se rendre à l’hôtel de ville. La foule traverse les rues jusqu’à la mairie. Au milieu, se trouve la plus jeune et la première femme maire de Poitiers, entourée d’une nouvelle génération d’élu.e.s. Dans l’euphorie ou par acte manqué, Léonore Moncond’huy n’a emporté avec elle qu’une seule version du discours, celui de la défaite. Tant pis elle n’a plus besoin de ses notes de toutes façons, elle est prête. Le discours de la nouvelle maire, fort mais plein de responsabilité. L’abstention d’abord, une confiance à honorer ensuite. Poitiers s’inscrit dans la vague verte en France, aux côtés de Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Lyon… Une liste citoyenne qui n’existait pas il y a deux ans a réussi le pari fou de construire un programme en concertation avec les Pictaviens et les Pictaviennes, de mener une campagne innovante et de gagner à la loyale en faisant de la politique autrement. Mais il y a urgence. Il faut répondre à la crise, ou plutôt aux crises économiques, sanitaires, sociales, écologiques et démocratiques. Une série de défis que les électeurs et les électrices de Poitiers acceptent de relever avec audace : montrer qu’en s’engageant on peut reprendre la main sur sa vie et sur notre destin collectif. L’entrée dans la mairie ensuite. Monter les marches, être accueilli par les services du protocole, sortir sur le balcon. Ce n’est pas dans nos habitudes mais nous le faisons, nous sommes fiers. Sur le parvis de la mairie on applaudit la nouvelle équipe au balcon. Les gens n’en reviennent pas. Un groupe de femme de tous les âges scande “une femme à la mairie !”. Le retour au Baffalou enfin, la fête, les félicitations, la joie.
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Lundi matin, la revue de presse de Claude Askolovitch et le tourbillon médiatique. Nous sommes quelques uns à nous retrouver pour un café, des groupes de travail sont prévus l’après midi. Le café se transforme en standard téléphonique : LCI, TF1, France 2, RTL, M6, France Info, Libération, Politis, ZDF, Les Echos, la presse nationale et européenne met Poitiers sous le feu des projecteurs. Marathon médiatique mais nous commençons à travailler. Délégations, Grand Poitiers, ces deux sujets seront les priorités de la semaine. La nouvelle maire est accueillie par le Directeur Général des Services de la ville. Le travail commence. Dans le même temps, tout le monde doit s’organiser avec son employeur et ses proches pour se dégager du temps et exercer pleinement les nouvelles responsabilités.
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Mardi, place au papier et au crayon. Changer de logiciel c’est aussi accepter que tout n’est pas ficelé d’avance. Pour autant, cela ne veut pas dire que rien n’est prêt : la méthode, les outils, la sollicitation des voeux et envie des candidats, futurs élus. C’est à partir de ces éléments que la répartition des délégations peut se faire. En parallèle les discussions pour Grand Poitiers se poursuivent. Les nouveaux élus savent que pour réussir à Poitiers, la ville et la communauté urbaine doivent tirer dans le même sens, il faut donc se coordonner et réfléchir à une articulation politique permettant une gouvernance partagée en accord avec nos engagements. Le collectif se confronte avec méthode à l’épreuve du pouvoir.
Mardi soir, la vie collective continue. L’élection ne saurait faire oublier notre fonctionnement : faire circuler l’information, solliciter l’avis des membres. Une réunion de “coordo” a donc lieu le mardi soir : qui nettoie le local ? Comment organise-t-on la vie de l’association en dehors de la mairie ? La vie du groupe Poitiers Collectif à l’intérieur de la mairie. On va coller ? L’ensemble des ces questions sont évoquées, on conclue autour d’une bière.
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Mercredi, le travail continue… mais c’est aussi le jour des premières sorties officielles. La nouvelle caserne des pompiers pour Léonore puis la réouverture du TAP accompagnée de Charles. Une remise de médaille pour Didier. La passation de présidence du Rotary Club pour Aloïs. Répondre aux questions, expliquer le programme et la philosophie de Poitiers Collectif. L’accueil est bon, les encouragements francs et l’envie de travailler ensemble forte. Les avertissements et les désaccords sont aussi présents, mais l’échange et le dialogue permettent d’avancer ensemble.
Nous sommes jeudi soir, nous sommes confiants et déterminé avec le sentiment d’avoir vécu un début de semaine folle. La préparation nous permet d’être serein. Certes la fatigue est présente. Demain nous serons investis, nous pourrons pleinement entrer dans notre mandat. Ce n’est que le début.