Le 5 février, a eu lieu le meeting de soutien à Poitiers Collectif – Rassemblement citoyen, de la gauche et de l’écologie.
Ont pris la parole lors de cette soirée animée par nos candidats Ombelyne Dagicour et Frankie Angebault :
🌻 Alain Coulombel, porte-parole d’ Europe Ecologie Les Verts
🚩 Sébastien Laborde pour le PCF – Parti Communiste Français
📢 Benjamin Lucas pour Génération.s
🗳️ Vee Dee pour A Nous La Démocratie
🤝 Yves Soret pour Nouvelle Donne
Mais aussi…
🤩 Julie Reynard, pour porter la voix des citoyens poitevins non encartés investies dans Poitiers Collectif
Et enfin…
😎 Léonore Moncond’huy, tête de liste de Poitiers Collectif, pour clôturer la soirée.
Vous n’avez pas pu assister à la soirée ? Revivez-la en vidéo !
A lire, les prises de parole de nos candidates :
Discours introductif d’Ombelyne Dagicour
Ce soir, est un soir particulier pour Poitiers Collectif.
Ce soir est le soir du rassemblement, le rassemblement de toutes les forces citoyennes de l’écologie et de la gauche.
Dans ce monde où l’incertitude croît, nous sommes face à des urgences écologiques et sociales. Trois décennies de transformations néolibérales ont conduit au délitement des liens sociaux, au creusement insoutenable des inégalités et de la précarité, à l’abstentionnisme électoral et un sentiment de dépossession démocratique parmi les couches populaires, confrontées au renoncement d’une partie de la gauche. Celle du Parti Socialiste et d’un François Hollande dont la présidence a entraîné la déroute et brouillé la définition. Redonnons-lui un peu de sens.
Une gauche politique existe encore. Une gauche aujourd’hui mobilisée pour défendre notre modèle social plus que jamais menacé dans ses fondements. Cette gauche, c’est celle de Jaurès, du Front Populaire, de la sécurité sociale d’Ambroise Croizat ; celle de luttes sociales, syndicales et de tant de combats remportés dont nous devons sauvegarder les acquis.
Cette gauche porte aujourd’hui les valeurs de l’humanisme, de la solidarité et de l’écologie.
Parce que nous devons lutter à la fois pour les fins de mois et contre la fin du monde. Peut-on encore tolérer qu’au nom d’une certaine conception du progrès, le sort de la planète soit mis en péril ?
Non, la lutte contre le changement climatique n’est pas conciliable avec une croissance économique qui épuise les ressources et anéantit le vivant.
Non, la transition écologique ne peut se réaliser sans justice sociale, au mépris de la démocratie, et dans une violence sociale et physique insupportable.
N’en déplaise aux tenants du « en même temps », ceci n’est pas notre projet.
Si vous êtes ici ce soir, et non aux Salons de Blossac où le maire tient son rassemblement, c’est parce que collectivement, une vision s’est construite. Une vision tournée vers un horizon commun, capable de ranimer l’espérance.
Partout, les conquêtes sociales et écologiques seront des conquêtes civiques, démocratiques.
Beaucoup ici ont fait le choix d’actions citoyennes, loin des partis politiques, pour permettre le changement nécessaire dans nos territoires. Beaucoup avaient le sentiment qu’ils devaient accomplir ce que les partis prenaient trop de temps à changer radicalement. Et, soyons honnêtes, j’avais du mal à croire en la capacité des partis à s’exposer au partage du pouvoir et porter les solutions nécessaires.
Mais, regardons qui nous sommes, ici ce soir.
Je suis très heureuse de voir ici représentés EELV, le Parti Communiste Français, Génération.S, Nouvelle Donne, Génération Ecologie, ainsi qu’A Nous la Démocratie qui, en tant que mouvement citoyen, incarne ce trait d’union, cette nécessité d’unir toutes les forces pour co-construire les politiques qui répondront aux impératifs de la crise sociale, écologique et démocratique.
Je suis très heureuse de voir que ce soir tous ces partis politiques soutiennent notre démarche citoyenne, et partagent la vision de Poitiers Collectif. Des partis qui ont fait le chemin vers nous, les citoyens.
Aussi, ce soir, il n’y a qu’un seul rassemblement mobilisé face aux nouveaux défis
Il n’y a qu’un seul rassemblement qui dessine un meilleur avenir, porté par de nouvelles générations
Il n’y a qu’un seul rassemblement utile à Poitiers, et il s’appelle Poitiers Collectif.
Discours de Julie Reynard
Bonsoir,
Cette soirée a été imaginée pour valoriser le soutien des organisations politiques de gauche et de l’écologie à Poitiers Collectif avec la venue de leur porte-parole.
Je suis Julie Reynard, je suis candidate sur la liste de Poitiers Collectif et j’ai été désignée porte-parole pour :
les autres … Les autres ?
Oui, ceux et celles qui dans l’ombre, et de leur plein gré, sans rien y connaitre en politique, ont décidé de reprendre la main sur cette politique locale en prônant haut et fort le collectif, avec des valeurs fortes et immuables pour le changement démocratique et écologique.
C’est la majorité de la liste de Poitiers Collectif avec près de 60% de candidat et de candidates
Au départ, on ne se connaissait pas. On a tous et toutes fait le choix de se mettre au service d’un collectif celui de Poitiers Collectif. Je pense que c’est en nous, intrinsèquement. On s’est retrouvé grâce à cette volonté forte de changement démocratique et pour remettre au cœur de la gestion de la ville, les habitants et les habitantes, qui seront toujours les experts de leur territoire et qu’il faut savoir écouter.
Je suis ravie que des organisations politiques traditionnelles soutiennent notre démarche jusqu’à l’intégrer aujourd’hui complètement.
On a tendance à dire aujourd’hui que la politique est devenue un métier. Je pense en fait que c’est une somme de codes et surtout un langage, une sémantique particulière qui permet aux initiés de se reconnaitre entre eux. Et qui de fait, exclus les autres. C’est aussi une caractéristique du pouvoir.
Voilà pourquoi, moi qui refuse toute prise de pouvoir individuel, j’ai été partante pour construire un projet politique « nouvelle génération », sans entrer dans les schémas éculées de la politique traditionnelle, qui disons-le, à aujourd’hui tendance à faire fuir les non avertis.
Alors, oui, on est quelques-uns et quelques-unes ici, à avoir envie de sortir du cadre et d’inventer autre chose, de faire différemment, avec plus de discussions, d’échanges, d’écoute, d’empathie et de transparence. On a pu le voir pour l’élection de notre tête de liste via une élection sans candidat. Cette expérience a pu être douloureuse pour certains, mais elle est, je crois, le ciment de notre organisation. Nous sommes passés d’une utopie à une expérimentation sous vigilance collective…
Le changement de logiciel politique est possible, il existe, mais il va prendre du temps.
Certes nous ne sommes pas aguerris au monde politique, mais parce que nous sommes des militants et militantes de projets du quotidien, nous sommes aguerris à l’humain !
Nous sommes donc capables de voir les ficelles politiciennes, les petits conciliabules entre partis, les stratagèmes pour tenter de prendre la main sur une décision, même minime, les déceptions individuelles anciennes non digérées.
Et oui, on regarde « Borgen » et « House of Cards » ! (désolée pour ceux qui n’ont pas la référence)
Et si on changeait vraiment ! Apprendre à travailler ensemble c’est long, c’est forcément plus long qu’avoir un grand chef omniscient, mais c’est tellement plus intéressant, plus valorisant ! J’aime Poitiers Collectif pour ça : pour l’échange permanent, les discussions parfois longues, très longues, mais toujours avec le contrôle collectif et la bienveillance.
Les membres de Poitiers Collectif font la politique du quotidien ; nous sommes tous et toutes des personnes engagées au niveau associatif, coopératif, entrepreneuriale, culturel, social, féministe, environnemental, syndical etc.
Je voudrais juste faire un focus pour les femmes de cette liste : C’est tellement bon, de savoir qu’on a une place, une vraie, pas un faire-valoir d’un gars en costume trois pièces. Avec Poitiers Collectif, on a osé. Je sais que la parité en politique est discutable ! Poitiers Collectif nous a permis de prendre notre place : par exemple ce soir, je sais bien que ça comptait dans le choix du représentant de Poitiers Collectif pour équilibrer la tribune. Et donc c’est à moi qu’on a demandé, alors : pourquoi pas, il y a une place, honnêtement, prenons là !
Nous souhaitons changer la façon de faire de la politique, changer réellement de paradigme, et pas seulement adapter l’actuel : On change de regard : on demande l’avis à tout le monde, on en prend compte, on discute et on s’engage.
Parce qu’aujourd’hui, cette ville ne fonctionne pas comme ça : elle ne fait pas confiance en ces acteurs, elle achète les projets des uns, rejette ceux des autres, aucune empathie.
La crise démocratique, mais aussi écologique, est là et nous devons prendre nos responsabilités ; pas seulement planter des arbres mais réinventer une ville plus juste, plus égalitaire, plus à l’écoute de ses habitants et ses habitantes
Je disais tout à l’heure que la politique est surtout une affaire de codes et de langage. Ici ce soir, De qui suis-je le porte-parole ?
Des citoyens ? Des personnes de la société civile ? Chaque personne sur cette liste l’est avec ou sans carte dans un parti politique traditionnel
Alors souvent entre nous, nous représentons les « non-encartés » : Mais si on veut vraiment réenchanter le système, nous ne pouvons pas nous définir en négation du système que nous voulons changer ?
En fait on n’a pas de nom…C’est étrange quand même…c’est sûrement cela qu’on appelle l’innovation politique !
J’aime beaucoup David Graeber, anthropologue et militant. Dans un de ses livres « comme si nous étions libres », il raconte et analyse l’aventure du mouvement « Occupy Wall Street », manifestation pacifiste dénonçant le capitalisme financier en 2011 à New York qui en quelques semaines s’est étendu partout dans le monde.
David Graeber dit « Occupy Wall Street s’inspire de l’anarchisme et s’inscrit dans la démocratie populaire, contre laquelle les conservateurs se sont toujours acharnés. Anarchie ne signifie pas négation de la démocratie. L’anarchisme cherche plutôt à aller jusqu’au bout de la logique des principes démocratiques fondamentaux. »
J’aime à penser que nous sommes de cette veine-là, à l’échelle de notre ville : pousser la logique des principes démocratiques !
Je sais que le terme « anarchie » a été dévoyé mais nous sommes de cet héritage-là, vouloir reprendre la main sur notre environnement, remettre de la démocratie, de la justice sociale et de l’écologie dans nos vies. Pour nous. Pour nos enfants. Pour les jeunes. Pour les femmes. Pour tous les habitants et les habitantes de Poitiers.
Nous sommes des militants et des militantes du quotidien, Poitiers Collectif, membres de partis politiques de gauche et les « autres ». Nous avons l’expertise de notre territoire et, tous ensembles, nous pouvons reprendre la main sur cette ville, sur notre ville.
Discours de clôture de Léonore Moncond’huy
Merci à toutes et à tous d’être venus si nombreux ce soir pour écrire, avec nous, une nouvelle page de l’histoire politique à Poitiers. Une page de l’histoire où des cultures politiques diverses se retrouvent pour évoluer ensemble.
On oppose parfois la gauche, l’écologie, les mouvements populaires citoyens… Nous aurions tort d’entretenir ces divisions.
Nous aurions tort, tout d’abord parce-que ces identités, la gauche, l’écologie, sont issues histoires dont nous pouvons être fiers. Car oui, nous, nous avons une histoire.
Dans son discours d’installation du gouvernement du Front Populaire, lorsque Léon Blum réclamait « un régime de retraites garantissant contre la misère les vieux travailleurs des villes et des campagnes », lorsqu’il défendait les congés payés, une vraie politique du temps libre égalitaire, lorsqu’il appelait à « fournir un peu de bien-être et de sécurité à tous ceux qui créent, par leur travail, la véritable richesse », nous ne défendons pas autre chose dans notre programme pour Poitiers.
Et nous ne réclamons pas autre chose lorsque nous nous mobilisons contre la réforme actuelle des retraites ! Parce-que cette réforme, elle n’est pas guidée par la recherche de plus de justice sociale, parce-qu’elle ne prend pas suffisamment en compte la pénibilité que notre société impose aux travailleurs et travailleuses, parce-qu’elle va conduire à la financiarisation d’un argent qui devrait contribuer à la solidarité nationale. Parce-que, au fond, elle constitue une régression sociale. Je souhaite, au nom de Poitiers Collectif, réaffirmer ce soir, comme nous le faisons dans la rue, notre soutien aux mouvements sociaux en cours.
Lorsque le Conseil National de la Résistance demandait « l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français » ; « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie », ou encore « La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents », nous ne réclamons pas autre chose dans notre programme pour que Poitiers vive des « jours heureux ».
Enfin, nous ne faisons aujourd’hui pas autre chose que de répondre à des personnalités écologistes comme René Dumont et Rachel Carson qui, dès les années 1970, alertaient sur la raréfaction des ressources, les atteintes au vivant et les menaces que cela faisait peser sur l’humanité. Nous savons aujourd’hui combien cette alerte était justifiée. Et on peut dire, sans aucun doute, que si les alertes des écologistes avaient été écoutées, nous ne vivrions pas, nous et les générations futures, sous la menace d’une crise écologique aussi grave.
Nous pouvons être fiers de l’histoire dont nous sommes les héritiers. Parce-qu’elle donne de la profondeur politique à notre projet.
Certains l’ont oubliée, cette histoire. Et si les citoyens n’ont plus confiance en les partis, en le PS par exemple, c’est aussi parce-qu’il a oublié les valeurs qui l’ont vu naître. Où sont les valeurs de solidarité, d’égalité, lorsque on a fait de la déchéance de nationalité un débat national ? Où est l’écoute, l’empathie envers les mobilisations populaires lorsque l’on assume comme Manuel Valls une politique de répression policière qui a ouvert la voie à la brutalité que nous connaissons aujourd’hui ? Issus d’une histoire pleine de valeurs et de combats nobles, nous avons aujourd’hui souvent des élus gestionnaires, bien assis dans leur fauteuil, qui ont oublié d’où ils viennent. Or, nous avons un besoin criant d’élus de combat. Des élus de combat qui auraient l’audace de faire évoluer ce logiciel de gauche, de le laisser reprendre en main par les jeunes générations, pour faire face aux enjeux du XXIe siècle.
Certains autres n’en ont pas, d’histoire. La République En Marche, qui a surgi dans la vie politique par pur opportunisme, en surfant sur ce ras-le-bol citoyen justifié, n’a pas de fondement idéologique. Quelles sont ses valeurs ? Quel est le projet de société, l’idéal qu’elle poursuit ? C’est un projet de gestion, plutôt qu’une vision, que nous propose En Marche. Leur seul imaginaire, c’est celui du self made man. Leur seul credo ? « Ton destin est entre tes mains ». Du travail ? « Je traverse la rue et je t’en trouve moi ! ». Et « La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler ! ». Ben oui ! Comme si, profondément, notre société n’était pas inégalitaire ! Comme si, seul, le levier individuel pouvait suffire !
Et pour l’écologie, c’est pareil ! Une affaire de petits gestes, de bonne conscience individuelle seulement. Pourquoi ? Parce que surtout, lorsqu’on est occupé à penser à fermer l’eau en se brossant les dents, on ne pense pas à changer de système ! Ils ne veulent pas changer le système ! La voilà la vérité !
Pour eux, pour les tenants de cet individualisme libéral, la structuration collective, le service public, la responsabilité politique face à la crise écologique, n’ont aucune valeur. Pire, c’est l’ennemi, un ennemi qu’ils souhaitent détruire.
Or, la structuration collective, le service public, la responsabilité politique, nous y croyons, nous, à Poitiers Collectif. Parce-que s’organiser, ensemble, en mettant au centre l’intérêt général, c’est la seule réponse possible face aux crises écologiques, sociales, démocratiques.
Oui, nous, nous avons une boussole, nous savons d’où elle vient, et nous savons où elle nous emmène.
Lorsque nous exigeons le droit à un logement digne, à un hébergement pour toutes et tous, lorsque nous voulons freiner la sectorisation sociale et géographique à Poitiers,
Lorsque nous exigeons l’égalité de traitement entre tous les habitants, le maintien d’un service public de proximité et inclusif même à l’heure du numérique,
Lorsque nous réaffirmons que le temps libre, les vacances, doivent encore être un droit pour toutes et tous, un droit chèrement acquis par le front populaire, par une politique de vacances et de loisirs ambitieuse, par un refus des activités commerciales le dimanche à Poitiers ;
Simplement, lorsque nous exigeons le droit au bien vivre pour toutes et tous,
nous nous inscrivons profondément dans ces revendications de gauche.
Mais aussi
Lorsque nous plaçons comme un non-négociable la protection et la non-privatisation des ressources naturelles, comme l’eau, comme les ressources alimentaires, à l’échelle de Grand Poitiers ;
Lorsque nous affirmons que nous devons en priorité réduire nos consommations d’énergie, réduire nos consommations de terres agricoles, réduire notre production de déchets – en somme, lorsque nous nous élevons contre la société qui nous pousse à la sur-consommation généralisée, à Poitiers comme ailleurs ;
Lorsque nous nous fixons un objectif d’autonomie alimentaire du territoire, en recréant des filières locales de la fourche à la fourchette ;
Lorsque nous affirmons que la nature doit avoir sa place en ville, dans notre quotidien, dans l’éducation, pour que notre quotidien urbain reste vivable, pour nous reconnecter à la nature dès le plus jeune âge ;
nous nous inscrivons profondément dans l’histoire de l’écologie politique. Une histoire sans laquelle nous ne pourrons pas répondre aux défis du XXIe siècle parce-que, qu’on le veuille ou non, il sera marqué par de profondes crises écologiques, qui entraîneront des crises sociales, humaines, et démocratiques majeures.
Ces histoires doivent aujourd’hui se réconcilier. J’ai envie de citer André Gorz, un penseur écologiste venu du socialisme, dont la pensée m’inspire :
« Ce n’est pas tant à la croissance qu’il faut s’attaquer, qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser « au-dessus » des autres. La devise de leur société pourrait être : Ce qui est bon pour tous ne vaut rien. Tu ne seras respectable que si tu as « mieux » que les autres.
Or c’est l’inverse qu’il faut affirmer pour rompre avec l’idéologie de la croissance : Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni n’abaisse personne. Nous pouvons être plus heureux avec moins d’opulence, car dans une société sans privilège, il n’y a pas de pauvres. [1]»
La menace qui pèse sur notre environnement aujourd’hui nous replace tous à égalité. Parce-que nous sommes toutes et tous des êtres humains, et que nous avons toutes tous pour besoin primaires ceux de respirer, de boire, de manger, et de vivre en sécurité. Mais c’est à nous de la défendre, cette égalité, car cette menace sur nos ressources vitales renforce et réactive le clivage entre ceux qui ont le capital, et ceux qui ne l’ont pas.
Un exemple, celui de l’eau, que je ne choisis pas au hasard car elle est la première de nos ressources vitales. Face à la raréfaction de l’eau, on observe aujourd’hui des premières tentatives de privatisation, d’appropriation privée du capital commun que constitue l’eau. Et c’est par exemple pour cela que les écologistes, avec des alliés chaque jour plus nombreux, se battent contre des projets de « Bassines », qui grâce à nous n’ont pas vu le jour : des projets qui privatisent l’eau au profit de quelques-uns, en menaçant l’eau pour tous les autres. Comme toute ressource vitale, l’eau doit être gérée publiquement, par des politiques démocratiquement élus, garants de l’intérêt général. Et c’est pour cela que nous pouvons nous féliciter de notre engagement, à Poitiers, de maintenir et conforter la gestion publique de l’eau, alors que d’autres municipalités qui avaient fait l’erreur d’en déléguer la gestion au privé cherchent aujourd’hui à y revenir.
***
Les histoires et les cultures politiques de la gauche, de l’écologie, sont appelées à se réconcilier face aux enjeux vitaux qui nous attendent, et nous avons besoin des deux pour construire ces solutions collectives.
Et même les aspirations à des structures plus citoyennes, qui souhaitent plus d’autonomie, plus d’égalité, elles aussi ont une histoire ! Elles trouvent leurs racines dans la commune de Paris, dans le municipalisme de Murray Bookchin… et nous avons aussi besoin de ces racines.
Seul, aucun des six partis présents en soutien de Poitiers Collectif ne serait en mesure de porter une dynamique similaire. Isolés, des individus n’auraient pas en leurs mains le pouvoir de changer le système. C’est bien l’appel du peuple au rassemblement, au cri d’ « unité ! unité ! », qui avait permis l’émergence du front populaire. Et c’est bien le rassemblement, aujourd’hui, auquel nous appellent les citoyens, qui nous met en mesure de remporter, demain, la Mairie de Poitiers.
Poitiers Collectif, ce n’est pas le rassemblement des étiquettes, c’est le rassemblement des forces.
Toutes et tous autant que nous sommes, nous ne restons pas, pour autant, arrêtés sur nos certitudes historiques, et nous faisons un bout de chemin, ensemble, pour progresser, ensemble.
Par exemple, partis de gauche et écologistes, renforçons nos projets politiques en écoutant ce qui doit évoluer, en intégrant profondément des impératifs féministes et décolonialistes qui nous ont parfois fait défaut.
Partis de gauche et écologistes, entendons le ras-le-bol des vieilles pratiques politiques, et ouvrons-nous pour explorer, entre citoyens, en ayant temporairement enlevé nos casquettes, de nouvelles formes d’engagement.
Ce sont ces nouvelles formes d’engagement qui permettront aux citoyens, au peuple, de reprendre la main sur la vie démocratique, en commençant par nos villes. Poitiers collectif est une démarche innovante. Elle perturbe les habitués de la lutte politique… mais voyez plutôt quelle belle dynamique elle a fait naître ! Et quelle fierté elle nous donne, au niveau local, au niveau national ! Elle implique ceux qui se pensaient condamnés à regarder passer les trains. Mais surtout elle prépare une nouvelle manière de gérer une collectivité : en laissant une partie de la décision publique aux citoyens, avec une Assemblée Citoyenne, avec un Droit d’Initiative Local, avec des Référendums d’Initiative Locale.
Ce sont nos histoires qui se conjuguent aujourd’hui dans Poitiers Collectif.
Enfin, chers amis, chers copains et copines, chers camarades – à chaque groupe militant ses petits noms ! – il va falloir nous faire à l’idée que, face aux crises climatiques annoncées, personne n’a la recette magique. Les défis que nous aurons à affronter, dans les six prochaines années, ceux de la crise écologique, doublée de crises sociales et démocratiques majeures, ce sont des défis inédits, qu’aucune organisation humaine n’a jamais eu à affronter.
A défi inédit, mobilisation inédite.
A défi inédit, union inédite.
A défi inédit, solutions inédites.
Ces solutions, elles sont vraiment à inventer ensemble, avec celles et eux qui traversent ce XXIe siècle.
Nous sommes forts de la richesse de notre histoire, et nous sommes forts de notre confiance en l’humain, en la jeunesse, en l’avenir.
A ces nouveaux défis, nous apporterons des nouvelles solutions, en mettant aux responsabilités des nouvelles générations.
Merci à toutes et à tous !
[1] André Gorz, https://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027