Discours liminaire de Bastien Bernela, au nom du groupe Poitiers Collectif,
à l’occasion du conseil municipal du 26 juin 2023
Le 28 juin 2020, la liste Poitiers Collectif a été élue à Poitiers avec la volonté de faire de la politique autrement. 3 ans après, à l’occasion du bilan de mi-mandat, notre équipe fait l’objet d’un procès en amateurisme. La cible : notre méthode.
Je vais extraire 4 citations de l’opposition relayées par la presse la semaine dernière, et sur lesquelles je vais revenir une par une :
- « Jamais autant de dossiers n’ont été passés en force, rien n’est concerté »
- « La Maire n’a pas les mains libres avec Poitiers Collectif »
- « Le fait que la Maire ne soit pas présidente de l’agglomération est une catastrophe »
- « Tous leurs projets sont prévus pour 2035 » & « Ce qui est en cours est dans la continuité de ce qui avait déjà été engagé »
1. « Jamais autant de dossiers n’ont été passés en force, rien n’est concerté »
Un peu de sérieux : que la forme et le résultat des concertations ne vous convienne pas est une chose, affirmer que « rien » n’est concerté en est une autre : c’est au mieux provocateur, au pire malhonnête. Projet du Pont Neuf, projet de végétalisation des Dunes, Projet Educatif Global, Rue des écoles, gestion des terrasses avec les commerçants, projet Caserne autour de l’ESS, dynamique avec les acteurs de la culture, du sport, du jeu : voici une liste non exhaustive sur lesquels notre majorité a pris le temps de construire et d’élaborer avec les habitants et acteurs de Poitiers.
Prenons deux exemples récents pour mettre en évidence vos contradictions :
- Le Pont Neuf : si nous n’avions pas fait évoluer le projet, et étions resté sur le principe d’une circulation à sens unique, vous nous auriez accusé d’équipe dogmatique, incapable d’écouter les habitants. Nous faisons évoluer le projet après une phase d’expérimentation et maintenons le double sens en reprenant le faubourg de façade à façade : nous sommes une majorité fragile et amateure, qui revient sur ses décisions.
- L’occupation de la Caserne : si nous avions engagé l’expulsion sans dialogue, vous nous auriez accusé de faire preuve d’une attitude brutale et d’un manque de tact. Nous engageons le dialogue avec les occupants, nous sommes des élus permissifs qui ne font pas suffisamment preuve d’autorité.
Je pourrais développer ces exemples à l’envie. Vous savez ce qu’ils nous enseignent ? Que chacun est à sa place, nous, dans l’action et les arbitrages à prendre au quotidien, vous, dans le confort d’une opposition attentiste qui, à défaut de faire l’effort de vous opposer sur le fond de nos orientations politiques et de soumettre des alternatives, vous contentez de taper sur la forme, comme si vous n’aviez rien d’autre à dire. Quoiqu’on fasse, nous ne prendrons jamais les bonnes décisions à vos yeux, et ça tombe bien parce que notre objectif, ce n’est pas de vous satisfaire vous. Notre agenda, c’est celui sur lequel nous nous sommes engagés, de mise en œuvre du programme pour lequel nous avons été élus.
2. « La Maire n’a pas les mains libres avec Poitiers Collectif ».
Cette phrase montre à quel point vous êtes enfermés dans une conception de la pratique des responsabilités d’un autre temps, vous vous entêtez à vouloir démontrer que votre logiciel est le bon, et donc en miroir que le nôtre est désastreux. Je cite : « leur méthode est brouillonne. (…) La Maire est censée donner les orientations que les adjoints et les services appliquent. Tout est confondu dans un micmac ».
Ces propos sont dramatiques : les élus et l’administration sont relayés au même niveau, ceux de pantins au service du chef. Nous sommes 37 élu.e.s mobilisé.e.s, autour de la Maire, pour amplifier son action. Disponibles pour les habitants et les acteurs, pleinement engagé.e.s dans notre mandat alors que nous sommes plusieurs à maintenir une activité professionnelle. Quant au rôle de l’administration, il va bien au-delà d’appliquer bêtement et docilement les décisions du chef : les femmes et les hommes qui travaillent dans cette maison proposent, réfléchissent à nos côtés, saisissent les opportunités, anticipent les risques : nous ne serions rien sans leur contribution.
Vous cherchez à égratigner le principe même du collectif, à démontrer que ce n’est pas une voie possible, parce que vous n’y croyez pas. Oui c’est plus complexe, oui c’est plus exigeant, mais c’est aussi plus riche et plus enthousiasmant pour conduire l’action publique. Nous n’avons pas un chef qui convoque, qui ordonne et qui punit, mais une leader qui embarque, qui accompagne : une ambassadrice déterminée de notre équipe et de notre projet.
« Ambassadrice » car nous nous efforçons depuis 3 ans à construire des liens de confiance avec des partenaires, ou parfois à rénover des relations abîmées : Région, Académie, Banque des Territoires, Etablissement public foncier, clubs sportifs professionnels, le mouvement associatif dans son ensemble, nous ne sommes rien sans un travail étroit avec ces partenaires territoriaux, et il est sain et noble d’être dans une forme d’interdépendance sur certains dossiers.
3. « Le fait que la Maire ne soit pas présidente de l’agglomération est une catastrophe »
Là encore, parce que ce n’était pas la norme, nous sommes d’emblée condamnés à échouer : partager les responsabilités, avec un exécutif à deux têtes, est un logiciel qui n’est pas le vôtre, mais auriez-vous la modestie de vous dire que c’est parce que ce logiciel de domination est périmé que vous siégez aujourd’hui dans l’opposition ?
Grand Poitiers est guidé par l’intérêt communautaire, pas seulement celui de la ville-centre. Considérer que seule la Maire de Poitiers peut conduire cette action communautaire est profondément méprisant pour les élus des communes voisines. Ne vous en déplaise, les Vice-Présidents présents dans cette assemblée, issus de la majorité de la ville-centre bénéficient du même mandat de confiance de la Présidente que de la Maire.
Quand vous attisez les critiques auprès des élus communautaires en fond de conseil contre la majorité et la Présidente que nous avons soutenue, vous ne servez pas la ville-centre, vous ne servez pas l’avenir de Poitiers, vous essayez uniquement de disqualifier un mode de gouvernance alternatif et moderne.
4. « Tous leurs projets sont prévus pour 2035 » dit l’un, « Ce qui est en cours est dans la continuité de ce qui avait déjà été engagé » dit l’autre
Un dernier attribut de notre opposition : la mauvaise foi. Vous n’êtes pas à une approximation près lorsqu’il s’agit de taper sur la majorité. Ecole Montmidi, réhabilitation du Clos Gaultier et de la crèche Frimousse, restructuration d’Andersen, rénovation et extension du siège du CCAS, création d’un skate-park à Rébeilleau, évolution des serres de Beauvoir, Plan Canopé, centre d’hébergement aux Bois de Saint Pierre, rafraichissement des Halles Notre-Dame, rénovation de la piscine de Bellejouanne et études pour celle de Bel-Air, requalification de la Caserne Pont-Achard, transformation du Pont-Neuf : que des projets qui seront livrés d’ici la fin du mandat et qui n’étaient pas engagés par la précédente équipe. Et encore, il ne s’agit que de projets physiques où vous nous verrez couper des rubans.
Ce n’est qu’une partie infime de notre action : j’aime à dire que nous ne sommes pas là que pour couper des rubans. Ecouter les acteurs et les habitants, leur offrir des espaces de dialogue et de travail en commun, amplifier leur action sans nécessairement planter le drapeau de la Ville partout est tout aussi important.
Alors maintenant, ça suffit. Dans un climat de défiance généralisée de la vie politique, votre posture est irresponsable : alors que tout citoyen devrait se sentir légitime pour être élu, quel que soit son genre, son âge, son origine sociale, son expérience, vous cultivez l’idée que la politique est affaire de professionnels aguerris. Vous disiez dans la presse cette semaine « Il y a tromperie sur la marchandise », et bien désolé de vous décevoir. Poitiers Collectif a fait campagne autour de 4 piliers – écologie, justice sociale, démocratie, et confiance en l’économie locale – et le souhait de faire de la politique autrement.
Nous réaffirmons devant les poitevines et poitevins qui nous écoutent ce soir que c’est toujours notre cap, sans tromperie aucune.
Répétez à l’envie que nous sommes incompétents, et que notre action, c’est le désordre. Nous traçons notre route, centrés sur la transformation de notre ville. Nous comptons sur la presse locale pour faire vivre les débats avec justesse, sans « jugement » pour reprendre les mots d’un récent billet du 7, qui suspectait un brin de condescendance, un soupçon de sexisme et une once de paternalisme à notre égard.
Et à la fin, ce sont bien les poitevines et les poitevins, acteurs et habitants, qui auront le dernier mot.