On trace notre route

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Discours liminaire de Léonore Moncond’huy,
à l’occasion du conseil municipal du 26 juin 2023

Bonsoir à toutes et à tous, chers élus, chers citoyennes et citoyens qui nous suivez ici ou en ligne,

Il y 3 ans presque jour pour jour, nous faisions notre arrivée à la Mairie de Poitiers, et nous sommes aujourd’hui à mi-chemin.

A mi-chemin, c’est le moment de jeter un regard derrière son épaule, et de mesurer le chemin parcouru.

Trois ans de gestion de crise immédiate et quasi-permanente : le COVID et sa cellule de crise, la guerre en Ukraine et sa cellule de crise, l’inflation et sa cellule de crise.

Trois ans, au cours desquels les crises globales se sont aussi renforcées : les crises écologiques – les prévisions du GIEC sans cesse dépassées en particulier dans la Vienne, chez nous il est par exemple devenu habituel d’avoir des restrictions d’eau 365 jours/an ; les crises sociales, une fragilisation des services publics, une tension sociale maximale ; et des dérives chaque jour plus graves pour l’éthique républicaine, et pour les libertés fondamentales.

Et c’est bien parce-que ces crises sont là, parce-que le monde change, que nous portons la responsabilité de protéger et transformer réellement la société ; et autour de nous de fédérer, et d’embarquer largement dans les transformations.

Laissez-moi tout d’abord vous dire combien je suis fière de tout le travail accompli depuis trois ans. Je remercie l’ensemble des élus de l’équipe municipale, qui, tous, adjoints, délégués, sont au travail pour faire avancer notre ville. Je remercie également l’administration, pour qui ces trois ans ont aussi été ceux d’une réorganisation importante, mais porteuse de sens et surtout d’avenir pour notre service public. Pour nous tous, il ne serait pas tout à fait juste de dire que ce début de mandat a été un long fleuve tranquille… La résilience est un mot à la mode, paraît-il, mais il a surtout un sens, dans nos apprentissages collectifs de ces trois années.

Depuis 3 ans, et singulièrement en cette période de mi-mandat, les expressions critiques ou polémiques ne manquent pas. Mais il y a les débats, les indignations, les questionnaires, les conseils d’amis sur ce que devrait être une politique sociale ou ce que devrait être une politique écologique… et puis, il y a les actions, et les résultats.

Nous avons réalisé ou engagé 90% des mesures de notre programme, pour ce qui concerne la Ville de Poitiers. Simple, basique : pour nous qui avons construit le projet avant les têtes, appliquer son programme, c’est la moindre des choses, et c’est le premier des engagements que nous devons aux poitevines et aux poitevins.

Dès 2020, nous nous sommes engagés pour le droit aux vacances et aux loisirs, avec Vacances pour tous. Un droit, que nous avons rendu réel pour plus de 12500 enfants et familles qui en auront profité cet été. Et une demande qui nous pousse à aller plus loin.

Dès 2020, en plein COVID, nous avons annoncé la couleur : l’événementiel et la culture, comme levier de dynamisation du centre ville, et de cohésion dans les quartiers. On entend partout que le centre ville se meurt : les chiffres montrent le contraire. Depuis 2020, la progression de fréquentation est continue, elle augmente en centre ville – 1M, 1,2M, 1,4M- là où elle stagne, en périphérie.

Dès 2021, nous avons engagé une politique globale de rénovation et d’extinction de l’éclairage public. Aujourd’hui, déjà 50% d’économies d’électricité, 500 000 euros d’économisés malgré l’inflation. Poitiers a rattrapé son retard, et toutes les communes s’y mettent aujourd’hui, et les citoyens, dans leur majorité, comprennent combien il est important d’anticiper plutôt que de subir.

Dès 2020, nous avons engagé une politique de végétalisation qui dépasse aujourd’hui nos espérances notamment grâce à une très forte mobilisation citoyenne ; en 2023 Poitiers sera une ville à 30km/h, plus apaisée ; et aux Couronneries, au Pont Neuf, à la gare, même à Beaulieu comme aux Templiers, nous posons les fondations du Poitiers de demain. Quelques exemples parmi des dizaines, mais oui : les changements sont bien là.

Et ils sont sur de bons rails. L’ambition annoncée de nos investissements pour l’amélioration des équipements publics, pour l’exemplarité écologique de la collectivité, reste notre cap, et à l’échelle du mandat, nos engagements seront tenus.

Partout, nous mettons en œuvre le programme sur la base duquel nous avons été élus.

Nous avançons, et oui, depuis 3 ans, les changements font débat… C’est normal. Il n’y a guère que l’inertie qui ne fait pas de vague, et s’il y a des réactions, c’est bien la preuve que nous avançons. C’est normal et surtout c’est tant mieux ! Nous les ouvrons, nous les soutenons, ces espaces de parole ! L’Assemblée Citoyenne et populaire, les réunions publiques en quartier, les espaces de participation citoyenne sur les grands projets ou les petits changements du quotidien sont autant d’espaces de liberté d’expression. Bien sûr lorsqu’on les ouvre il n’y en a jamais assez, il faudrait en créer encore plus, les citoyens s’en saisissent, et c’est très bien !

Ce qui n’a pas encore changé, par contre, ce sont les lunettes avec lesquelles est observée notre action. Un seul exemple : on vous dit qu’écouter les mobilisations qui s’expriment c’est être amateur, c’est être brouillon. Non. Ca, c’était avant. Une commune est un espace vivant, et une politique à l’écoute des citoyens se construit sans cesse des compromis entre les objectifs, clairs, et une manière de les mettre en œuvre qui soit acceptable pour les citoyens.

Pour le Pont Neuf ? Nous avons maintenu le cap : impulser la transition des mobilités sur l’axe centre-ville Campus, en proposant, grâce à la mobilisation citoyenne, une solution plus ambitieuse, qui réponde mieux et à nos objectifs, et aux préoccupations.

Pour la Résidence Edith Augustin ? Nous maintenons le cap : conforter le service public, en faisant évoluer l’offre de logement à destination des aînés. Et la mobilisation citoyenne nous a poussé, il est vrai, à chercher de nouvelles solutions, avec de nouveaux partenaires Ekidom en particulier, pour aujourd’hui aboutir à un compromis, de bon sens.

Etre à l’écoute, réellement, n’est plus un défaut mais une revendication, citoyenne avant tout. Des citoyens qui demandent moins des politiques pétris de certitudes que des politiques, déterminés mais humbles, face à la complexité de la société, face à la nécessité de faire aussi avec celles et ceux qui ne votent plus, que la politique a déçu.

Oui, humbles, messieurs. On voit dans quel monde nous ont aujourd’hui conduites les certitudes absolues des hommes politiques. Ceux qui, aujourd’hui ont bon dos de déplorer la mort du centre ville, après avoir encouragé le développement à tour de bras de centres commerciaux en périphérie ; ceux qui aujourd’hui dénoncent nos projets pour faire évoluer le service public, bien silencieux lorsqu’il s’agit de pointer aussi les responsabilité des politiques nationales ou des institutions de tutelle ; ceux qui nous donnent aujourd’hui des leçons sur ce que devrait être « un projet écologique global », alors même que la France, sous le gouvernement de leurs familles politiques respectives, est condamnée pour inaction climatique.

Ceux qui crient au scandale sur notre gestion de la collectivité, alors que depuis 3 ans, tout le monde sait bien que nous assainissons considérablement les pratiques politiques et la déontologie de notre collectivité.

Les confrontations d’idées, oui, c’est le cœur battant de la démocratie. Mais les procès en immaturité, ça suffit.

Nous devons autant aujourd’hui impulser et accompagner le changement, que réparer le monde. Réparer le monde de la défiance massive envers les politiques, de la montée de l’extrême droite, de la dématérialisation des services publics qui place les élus municipaux en première ligne des tensions et de la violence, de la situation écologique dramatique que vous nous laissez, ou dans laquelle vous nous entraînez. Nous devons aussi réparer ce monde, votre monde.

Le monde change, Poitiers doit changer.

Alors, changez définitivement de lunettes, Messieurs, car oui, nous allons continuer, avec détermination, avec une énergie collective renouvelée, et avec toujours l’ambition chevillée au corps de faire ensemble, autant que possible. Avant, c’était le monde d’avant. Maintenant, regardons droit devant nous, et allons-y ensemble, construire cet avenir désirable, dans ce monde qui change.

Aujourd’hui, nous traçons notre route, avec toutes celles et tous ceux qui souhaitent embarquer avec nous. Et ils et elles sont nombreux : notre engagement premier était de construire les politiques avec les premiers concernés, de « faire avec » et pas « à la place de ». Plus de 200 acteurs de la culture réunis autour de la démarche culture commune ; plus de 70 acteurs du jeu ayant construit avec nous la feuille de route jeu ; plus de 50 clubs sportifs, encore, récemment, avec qui nous avons fait évoluer les critères de subvention aux clubs sportifs.  C’est ça aussi la démocratie.

Vous pouvez compter sur nous pour continuer à travailler en ce sens dans les 3 années qui s’ouvrent à nous :

  • Avec détermination, pour être à la hauteur des crises actuelles et construire le monde de demain
  • Avec courage, pour aborder de face les enjeux sans jamais mettre la poussière sous le tapis
  • Et dans le dialogue, pour partager le sens de notre action, et être sans cesse à l’écoute de l’expression citoyenne du qu