Les fameuses fake news, des informations fallacieuses diffusées délibérément pour induire en erreur, ou simplement partagées par naïveté, sont devenues ces dernières années, un outil de manipulation politique redoutable. Au lieu de favoriser le dialogue, les fake news encouragent la méfiance et l’hostilité, affaiblissant ainsi le tissu social. L’émergence et la propagation de fausses informations ont atteint des niveaux alarmants, sapant la confiance du public et compromettant le processus démocratique lui-même.
Les réseaux sociaux, où l’on peut partager d’un seul clic, mais où vérifier l’information prend forcément plus de temps sont le lieu privilégié de cette désinformation. Le principe de Brandolini indique que la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter une bêtise est infiniment supérieure à celle nécessaire pour la produire. Et les possibilités offertes par l’intelligence artificielle, par exemple sur la création d’images reprenant les visages de personnes réelles, vont rendre les choses encore plus compliquées. Il est impossible à chaque nouvelle, à chaque information, d’aller à la source et de tout vérifier, c’est pourquoi préserver une relation de confiance avec les médias est nécessaire.
Les fake news déforment le débat politique en détournant l’attention des véritables enjeux. A l’échelle locale, plusieurs informations complètement fausses se sont déjà répandues en quelques heures, créant inquiétudes chez les habitant.es. Comment savoir si les centaines de personnes touchées par les publications ont bien pu prendre connaissance des démentis ? Apporter des informations concrètes et ouvrir le dialogue sur de réels enjeux est d’autant plus compliqué si une partie de notre temps et de notre énergie doit être utilisée à rétablir des vérités qui n’auraient pas dû être remises en cause.
Cette pensée qui consiste à prendre les choses « par le petit bout de la lorgnette », qui favorise les amalgames et nuit au débat public, est un véritable danger pour notre démocratie. Chaque situation est une somme d’éléments qui forme un tout et ne peut ainsi se limiter à une seule de ces parties. Il est nécessaire de prendre le temps d’exposer la complexité des situations de prendre le temps du recul critique mais aussi le temps de l’analyse détaillée. Ainsi chaque citoyen.ne doit avoir accès à l’ensemble des points afin de se faire une opinion éclairée. Sans oublier la place souvent occultée de la science, en partie malmenée dans ses fondations, phénomène qui peut ouvrir une brèche à certaines formes d’obscurantisme.
Les médias et les réseaux sociaux ne sont pas les seuls responsables, le personnel politique aussi porte une responsabilité dans cette dérive. Lorsque qu’Amélie Oudéa-Castera qui concède que « la réalité m’a donné tort » au sujet des « paquets d’heures non-remplacées », les éléments de langage viennent remplacer la vérité. Et la confiance entre les citoyen.nes et leurs représentant.es se rompt peu à peu…
Les responsables politiques, les médias, les associations et les citoyens ont un rôle à jouer dans cette lutte. Les citoyen.nes doivent faire preuve de vigilance et de discernement face aux informations et dans les médias sociaux. Les associations, telle qu’Acrimed ou la Quadrature du net, peuvent développer une éducation aux médias et à la citoyenneté numérique. Les médias doivent redoubler d’efforts pour vérifier les faits et fournir une information fiable. Les responsables politiques doivent jouer le jeu de la transparence et accepter la contradiction.
Pour préserver la démocratie, il est impératif de lutter contre la désinformation et de promouvoir la vérité, la transparence, et la responsabilité dans la sphère publique (et politique).