Comme chaque année, Novembre marque le début de la trêve hivernale. Cette période allant jusqu’à fin mars interrompt les expulsions locatives et est destinée à protéger les plus précaires. Dans un contexte de forte inflation, où le plafonnement des loyers dans le parc privé n’est pas toujours respecté, où les prix de l’énergie continuent à fluctuer et augmentent fortement, où la crise de l’immobilier exerce une pression telle qu’il est de plus en plus en plus difficile de se loger, y compris dans le parc social : cette trêve hivernale est une fois encore salutaire mais il serait irresponsable de s’en contenter.
En effet, si une réponse nationale est nécessaire pour répondre à la crise de l’immobilier, pour encadrer les loyers plus fortement encore pour l’ensemble des logements (et pas uniquement en fonction d’une étiquette énergétique), pour garantir un logement décent pour toutes et tous et pour investir et accélérer la rénovation énergétique de l’habitat, localement nous pouvons agir.
Agir d’abord pour détecter et accompagner les ménages les plus fragiles. L’action du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), de la collectivité de manière générale et de nos partenaires est précieuse. C’est le cas par exemple du PIMMS de Saint-Éloi (Point Information Médiation MultiServices) et du dispositif FÉE (“Faites des économies d’énergie”) porté conjointement avec les énergéticiens du territoire. L’objectif est d’identifier des ménages en situation de précarité énergétique et de pouvoir les accompagner sur le long-terme afin de mettre en œuvre tous les écogestes possibles. Cette action est relayée dans l’ensemble des communes de Grand Poitiers via les Ambassadeurs de la Transition Écologique. En effet, la précarité énergétique touche l’ensemble des territoires. En 2022, 22% des français·es déclarent souffrir du froid l’hiver, 40% estiment que c’est à cause d’une mauvaise isolation et 37% de raisons financières.
Agir ensuite pour financer la rénovation énergétique. Si lutter contre la précarité énergétique est complexe, c’est aussi parce que celles et ceux qui en souffrent ne sont pas celles et ceux qui détiennent les leviers d’actions. En effet, près de deux tiers des ménages en situation de précarité énergétique sont locataires. L’action des collectivités peut les accompagner sur la compréhension des factures et les gestes qui comptent. Pour autant, cela n’est pas suffisant. C’est pourquoi une réponse d’ampleur destinée à accompagner les propriétaires est nécessaire. Prochainement les habitations en classe énergétique F et G seront interdites à la location, il est donc temps d’améliorer ces passoires énergétiques pour continuer à les louer. A cet effet, l’Espace Info Énergie a pour vocation d’accompagner les propriétaires et les petites copropriétés à réaliser des travaux de performance énergétique : audit énergétique d’abord puis par la recherche de financements. À ce titre Grand Poitiers co-finance le remplacement des chaudières fioul. L’objectif est simple : d’abord financer la sobriété et l’efficacité énergétique, ensuite accompagner la production d’énergies renouvelables.
Penser la globalité des facteurs de précarité énergétique. Il est aisé de penser la précarité énergétique l’hiver. Pour autant, il devient de plus en plus urgent également d’agir contre l’inconfort d’été. Plus d’un ménage sur deux est concerné et l’évolution du climat renforce cette urgence. Mais la précarité énergétique ne concerne pas seulement les logements : les dépenses énergétiques liées à la mobilité aggravent également la situation. C’est pourquoi nous agissons avec Grand Poitiers pour trouver des solutions : financement des acteurs des mobilités solidaires afin d’étendre leur action sur le territoire, financement du covoiturage depuis cet automne, mise en place de tarifs adaptés aux situations pour Vitalis et Cap sur le Vélo. Tous les leviers sont activés pour que la mobilité ne soit plus un frein ni un poids sur le budget des ménages et pour développer des alternatives à la voiture individuelle.
Anticiper les conséquences de la précarité énergétique. La dépendance à la voiture individuelle, et le coût des carburants, peuvent également aggraver la précarité énergétique. Ainsi les dépenses énergétiques liées à la mobilité entraînent parfois des pertes ou refus d’emploi, renforçant alors la situation de précarité. Les conséquences peuvent aussi être sur la santé, physique et notamment respiratoire mais également mentale. Vivre dans de mauvaises conditions augmente les risques d’avoir des problèmes liés à la sécurité et/ou la santé (risques de chutes, d’incendies, d’intoxication au monoxyde de carbone…). De nombreuses pathologies trouvent leur origine dans un habitat dégradé et insalubre, souvent en lien avec de l’humidité et des moisissures dans le logement : pathologies allergiques et respiratoires, inflammation de la peau, maux de tête et de gorge, infections pulmonaires… Elle peut aussi aggraver des situations d’isolement et renforcer les difficultés scolaires des enfants.
Bref, d’une situation énergétique peut découler des enjeux sociaux et sociétaux majeurs.Il est urgent d’agir. Poitiers, comme Grand Poitiers, agissent au plus près des situations pour anticiper et accompagner les habitant·es. S’il est désormais commun d’unir fin du monde et fin du mois, la précarité énergétique est de ces sujets concrets qui en témoigne au quotidien.