Intervention de Robert Rochaud sur le budget de Grand Poitiers
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les conseillers communautaires, chers collègues,
La présentation du budget avec son accumulation de chiffres et de tableurs est un exercice, qui peut paraître un peu indigeste.
Je tiens malgré tout chers collègues à attirer votre attention sur l’importance politique de cet exercice.
Derrière ces chiffres, il y a des ambitions et des réalisations pour notre territoire. Construire et voter le budget c’est avant tout se donner les moyens de notre ambition collective : « conjuguer la transition écologique et les solidarités au pluriel ». C’est la condition pour faire face au changement climatique et à ses conséquences d’une part et pour lutter contre toutes les formes d’inégalité d’autre part.
La stratégie budgétaire adoptée en 2021 et mise en œuvre depuis est au service de ce projet politique. Et à un peu plus du mi-mandat, je tiens à vous dire chers collègues que je suis particulièrement fier du travail accompli avec le rapporteur du budget, cher Claude, sous l’autorité de la Présidente de Grand Poitiers. Avec l’ensemble des vice-présidents et des services de la collectivité, nous avons travaillé dur et les premiers résultats arrivent en 2024.
Pourquoi cette fiertté ?
Je suis fier d’abord, parce que nous avons respecté les engagements pris devant vous en 2021 : maîtriser les dépenses de fonctionnement (économiser 1M€ sur le mandat), dégager un taux d’Epargne Brute moyen en CA de 10% et stabiliser la dette. Nous vous avons demandé chers collègues d’être solidaires de choix difficiles. Vous nous avez fait confiance et les premiers résultats montrent que nous avons collectivement eu raison.
Je suis fier ensuite que nous ayons commencé à atteindre une situation aussi saine tout en augmentant les investissements à un niveau jamais atteint auparavant. Nous avons ainsi avancé sur nos deux jambes en même temps : responsabilité budgétaire d’une part, transition écologique et sociale du territoire d’autre part. L’une étant au service de l’autre.
Permettez-moi de revenir d’abord sur cette stratégie de responsabilité budgétaire qui vise à rétablir enfin la santé financière de l’ensemble des différents budgets de notre collectivité.
De manière général d’abord, financièrement Grand Poitiers revient de loin.
Le budget principal d’abord est sorti de la zone de turbulence dans laquelle nous l’avons trouvé. Et bien que l’horizon ne soit pas encore totalement dégagé nous avançons maintenant avec l’assurance d’une gestion plus saine.
Le budget Mobilité ensuite est sortie d’une situation bien plus périlleuse encore.
Sa situation condamnait sérieusement toute ambition sur le développement des transports en communs et d’un réseau cyclable à 40 communes. Ambition pourtant essentielle pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique
Le budget parking enfin, toujours dans un état préoccupant mais au moins sorti lui aussi de la négligence
Ce rétablissement de la santé financière de Grand Poitiers n’arrive pas de nulle part : c’est bien notre stratégie budgétaire qui nous y a conduit ! Le travail d’économies de fonctionnement et de sobriété énergétique y a fortement contribué dans un contexte de grande incertitude lié au retour de la guerre en Europe.
Pour le budget 2023 dans la situation d’incertitudes que nous connaissions sous l’autorité de la Présidente nous avions demandé aux Vices Présidents et aux services des efforts sans précédent: des demandes de crédits budgétaires en baisse de 15%. Ligne à ligne toutes les dépenses budgétaires habituelles ont été examinées pour réinterroger les pratiques. Cela n’avait jamais été fait, je le souligne.
Parallèlement, nous avons mis en place une cellule de sobriété permettant sur des gestes du quotidien de faire 440K€ d’économie sur les fluides en 2023 dans les seuls équipements sportifs et les piscines.
Sur l’éclairage public, les décisions d’extinction nocturne et la modernisation des lampadaires ont permis d’économiser 1.6M€ pour la seule année 2023. Ces 2 décisions nous ont donc permis 2M€ de dépenses de fonctionnement en moins. Autant d’argent que nous retrouvons dans l’épargne brute.
Nous commençons tout juste à récolter les fruits de ce travail. Malgré le contexte financier et économique très difficile et incertain, compte tenu des annonces du gouvernement sur le redressement des finances publiques, nous pouvons dégager des moyens pour financer des actions nouvelles, renforcer les actions prioritaires, tout en confirmant nos investissements au service des solidarités et de la transition écologique, je finirai sur ces deux points car c’est le sens du vote du budget.
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Notre gestion responsable des comptes publics, nous l’avons mise d’abord au service des solidarités sur tout le territoire. Je ne prendrais que quelques exemples pour l’illustrer.
Alors que la crise du logement est là nous réaffirmons notre soutien à l’habitat social comme à l’habitat privé pour aider les plus fragiles à se loger et préserver leur pouvoir de vivre. Pour l’habitat social en priorité : la collectivité fait l’acquisition de 2M d’euros de titres participatifs à Ekidom pour la deuxième année consécutive soutenant ainsi la production d’un habitat social de qualité permettant de financer la construction de 116 logements sociaux supplémentaires. C’est un enjeu fort de dignité et de solidarité quand l’Etat continue lui de fragiliser le logement social.
Nous investissons également dans l’habitat privé, avec la poursuite des dispositifs de soutien à la rénovation et les 400K€ de crédits inscrits dans le cadre de l’opération « Grand Poitiers Rénov » pour aider les particuliers à faire des économies d’énergie et donc de dépenses d’énergie. Dans le même temps le ministre des finances rabote le dispositif Ma Prime Rénov.
La solidarité nous la mettons en œuvre dans le quotidien des habitantes et des habitants du territoire. Avec le renforcement d’un service de médiation sociale à l’échelle du territoire pour fortifier la cohésion sociale alors que d’autres se mettent en retrait.
La solidarité c’est aussi celle de la communauté Urbaine vers les communes. Elle se traduit par l’augmentation du fonds de solidarité, en soutien aux communes les plus en difficulté, qui sera porté à 350K€ soit 100K€ supplémentaires. C’est là un enjeu de cohésion territoriale important : réduire les inégalités entre les communes les plus riches et les communes les plus en difficulté.
Dans ce budget 2024, cette solidarité avec les communes se traduit aussi par :
- 1 million supplémentaire pour le gros entretien de la voirie ;
- 300 000 euros en réponse aux besoins exceptionnels des communes dont les routes ont été dégradées dans le contexte des manifestations agricoles de cet hiver.
- le doublement du fonds de concours projet de territoire à 600 000 euros annuel pour les projets communaux.
La stratégie de mandat de Grand Poitiers s’appuie sur deux axes, la solidarité et la transition écologique. Je veux poursuivre en illustrant ce deuxième axe, en lien avec un autre point de satisfaction de ce budget : le niveau d’investissement record que nous vous proposons. Pour le budget principal, c’est 59M€ en progression de 14M€ par rapport au budget primitif 2023. Niveau inégalé qui permettra de soutenir l’activité économique locale
Cette augmentation de l’investissement traduit en particulier notre engagement fort pour la transition écologique, et pour atténuer nos émissions de gaz à effet de serre et notre impact sur l’environnement, enjeu capital pour aider les plus vulnérables de notre territoire à faire face aux effets du changement climatique.
Ces budgets sont aussi la preuve que la politique volontariste en matière de transition écologique correspond aux besoins des habitantes et habitants et est efficace sur le plan financier.
La politique de développement des transports en commun et de la mobilité active, marqueur emblématique de ce mandat, illustre fort bien la conjugaison des enjeux de solidarité et de transition écologique. Il s’agit je le rappelle de la principale cause d’émission des GES du territoire avec près de 50% des émissions. Nous avons fait le choix d’une politique volontariste inédite dans ce domaine en permettant à pratiquement tous les habitants du territoire d’avoir accès à un moyen de transports collectifs et en développant une vraie politique cyclable. Le succès populaire des lignes nouvelles entre Chauvigny et Poitiers montre que Grand Poitiers est au rendez-vous pour répondre aux attentes et aux besoins de la population dans ce domaine. La tarification solidaire élargie aux travailleurs à faibles revenus est également la preuve de notre engagement.
La politique de sobriété dans la consommation d’énergie se traduit dans la poursuite des investissements dans la modernisation de l’Eclairage Public. 7 M€ y seront consacrés avec à la clef des économies d’énergies et aussi des économies de dépenses pour le budget 2024 et les années suivantes.
Vous le savez, la lutte contre le réchauffement climatique nécessite également d’agir pour nous protéger par rapport aux changements climatiques présents et à venir. Nous le faisons en augmentant l’autonomie alimentaire du territoire, avec l’achat de la ferme maraichère de Jaunay Marigny qui va permettre l’installation de maraîchers.
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Alors oui chers collègues, je le répète je suis fier du budget proposé. Il démontre qu’engager le territoire dans la transition écologique est compatible avec une gestion financière responsable et avec la solidarité de notre collectivité tant vis-à-vis des habitantes et des habitants que des communes membres. C’est un budget qui prépare l’avenir.
Cependant, même si nous faisons plus que jamais en matière d’investissement, nous savons que nous ne faisons pas assez et pas assez vite.
De nombreuses études, celle d’I4CE, celle la Direction Générale du Trésor et aussi le rapport de l’économiste Jean Pisani Ferry et de Selma Mahfouz sur les incidences économiques de la transition climat, montrent que collectivement nous devons faire face à un mur d’investissement absolument colossal d’ici 2030 si l’on souhaite vraiment atténuer et s’adapter au changement climatique : les collectivités doivent au minimum doubler le montant des investissements.
Le grand intérêt du rapport de Jean Pisani Ferry (ancien rédacteur du programme économique du président en 2017) et de Selma Mahfouz c’est qu’il indique, je cite, qu’ un accroissement des prélèvements obligatoires sera probablement nécessaire. Celui-ci pourrait notamment prendre la forme d’un prélèvement exceptionnel, explicitement temporaire et calibré ex ante en fonction du coût anticipé de la transition pour les finances publiques, qui pourrait être assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés. »
En clair, ce rapport préconise un Impôt de Solidarité Climatique basée sur le patrimoine financier pour financer la transition écologique. C’est aussi la proposition des députés écologistes.
Cette proposition a été rejetée d’emblée par le président de la République. Au contraire le gouvernement vient de retirer 400M€ consacré au fonds vert et s’apprête à demander aux collectivités territoriales un effort supplémentaire de réduction de leurs dépenses alors même que nous sommes en première ligne d’une transition écologique effective partout sur le territoire.
Comme vous pouvez le constater chers collègues, si notre communauté urbaine se tient prête à relever le plus grand défi que nous ayons connu, force est de constater qu’au-delà des beaux discours l’Etat n’a pas encore pris la mesure de la situation climatique.
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