[Billet d’humeur] Les citoyens qui dérangent…

Partager cet article

Partager cet article

Elisabeth Naveau-Diop, candidate Poitiers Collectif, nous parle de son engagement au sein de Poitiers Collectif, un an jour pour jour après avoir poussé la porte.

Retour en images.  Engagée depuis toujours, voire révoltée, je m’égosillais à vouloir changer le monde à mon échelle. Mon aversion pour la politique telle que nous la connaissons ne faisait aucun doute. Pourtant, il y a un an, jour pour jour, je participais à ma première plénière de Poitiers Collectif. Son thème : « Poitiers, ville éducatrice ? » Cette première séquence fut le début d’une série qui se voulait, à mon grand plaisir, interminable. Je m’impliquai ainsi dans différents groupes de travail sur l’éducation, l’élaboration du programme et l’organisation d’évènements thématiques.

Un de mes épisodes favoris – l’organisation des Rencontres des Initiatives Citoyennes – donnait un nouvel angle à mon engagement. Des citoyens comme vous et moi, désabusés par le système en place, mais plein de ressources, d’idées et plus compétents les uns que les autres étaient présents. De nombreuses mesures / initiatives / projets à l’échelle des institutions locales, départementales, régionales furent valorisés et me confirmèrent les champs du possible.

Le 15 mars 2020, 1er tour des municipales : nous créions la surprise ! Nous obtenions près de 24% au 1er tour. Surprise ? Surprise pour ceux qui ne veulent ni voir, ni entrendre, les visages et les voix, de tous leurs concitoyens, qui depuis des années, voire des décennies, vont voter à reculons, par défaut ou ont même jeté leur carte d’électeur aux oubliettes.

Le 17 mars 2020, une nouvelle réalité dépassa la fiction : le Covid 19 et son confinement s’imposaient comme intermède entre les 2 tours. Au début nous étions tous un peu sous le choc de l’annulation du 2ème tour tout en comprenant sa nécessité. Mais très vite se profilaient de nouveaux défis et une réaffirmation des piliers de notre programme : Justice sociale, Écologie et Démocratie. Chacun, selon ses disponibilités et appétences, s’impliquait ainsi dans la solidarité locale auprès des plus fragiles, dans l’organisation de « lendemains collectifs » – des visio thématiques avec des intervenants pertinents et des échanges pragmatiques pour répondre aux défis d’aujourd’hui, puis dans de nouveaux groupes de travail.

De mon côté, je m’impliquai dans celui sur l’espace public. La réappropriation de l’espace public est à mon sens révélateur de la place des habitants dans leur ville et des liens créés entre nous. L’espace public est représentatif de la société que nous voulons : végétalisé, interculturel, intergénerationnel avec des lieux communs et des lieux dédiés, des lieux accessibles à tous, des lieux de rencontre et d’expression… L’organisation de l’espace public doit être vue avec des yeux d’enfants, de jeunes, d’adultes, de familles, de séniors, de tout sexe, de toute origine, de tout handicap afin que chacun y trouve sa place. Un doux équilibre entre les besoins et aspirations de chacun doit être trouvé.

J’ai également consacré beaucoup de temps sur la démocratie qui constitue un enjeu majeur pour Poitiers Collectif. En groupe et en réseau avec des acteurs du territoire, nous avons travaillé sur un modèle organisationnel démocratique. Il a été conçu pour répondre aux exigences de la participation citoyenne, de la place de chacun – partisan comme apartisan, de l’implication de l’ensemble des concernés par un projet, et des garde-fous pour contrer les travers politiciens dignes de séries B, tout en s’assurant de ne pas créer une usine à gaz qui deviendrait contre-productive.

Aujourd’hui, dans les loges de l’entre-deux tours, encombrées par les pratiques malveillantes de certains, les abus de pouvoir, les règles du jeu différentes selon les acteurs sortant ou entrant, j’ai ressenti le besoin de faire un arrêt sur image, furtif mais nécessaire. Mais très vite la volonté, la niaque, d’écrire un nouveau scénario avec des impacts bien réels sur nos quotidiens, notre société et nos espoirs ont repris le dessus. Son dénouement aura lieu le 28 juin. A nous d’en choisir l’issue !