[Billet d’humeur] Partir en paix avec la Terre

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 Agnès Dionée, candidate Poitiers Collectif, nous parle de son engagement militant et professionnel pour l’écologie, et le respect de la dignité humaine.

 

Mon parcours

J’ai toujours été engagée pour l’écologie. Quand j’étais jeune, au Sénégal, je plantais déjà des arbres avec mon école ! Et mes parents étaient agriculteurs : on mangeait, consommait, cultivait local, on faisait nous-mêmes jusqu’à l’huile, le beurre… Déjà les circuits courts ! C’est là que vient cette fibre écologique.

Je suis arrivée en France à l’âge de 30 ans… et j’en ai aujourd’hui le double !

Dès mon arrivée en France, j’ai continué à m’engager dans des associations en faveur de la nature, du plantage de haies, de la défense des arbres… A Poitiers, par exemple, avec Jardinature ou avec l’Eveil.

Je me suis aussi investie dans la solidarité internationale, en faisant des projets avec des écoles, et des établissements d’enseignement supérieur. Nous avons notamment pu installer des panneaux solaires dans mon village au Sénégal, ainsi qu’un potager/verger pour nourrir la cantine scolaire de 1300 élèves ! Il existe toujours aujourd’hui, j’en suis particulièrement fière.

Je me suis enfin investie en faveur de la réduction des déchets et de l’économie circulaire, toujours dans une optique d’échanges internationaux, en accueillant par exemple à Poitiers le groupe Senghor, qui gère le centre de tri des déchets au Sénégal et fabrique des « éco-briques » à partir de déchets.

En parallèle, je me suis formée comme aide-soignante, et j’ai travaillé auprès des personnes âgées. Enfin, j’ai travaillé dans le secteur des pompes funèbres conventionnelles.

 

Et aujourd’hui ?

Le saviez-vous ? On coupe 11 millions d’arbres par an dans le monde, soit 30 000 km2. En France, une forêt disparaît en France chaque année, juste pour fabriquer des cercueils, d’après les études Eureka. Moi qui suis sensible à la nature, je lance un cri d’alerte : arrêtons de couper des arbres, de créer des déserts dans des régions entières du monde, lorsque des alternatives existent !

J’ai voulu proposer une alternative à tout cela, en utilisant des matériaux déjà à disposition : arbres tombés non valorisables, déchets papier…

C’est donc la somme de ces engagements, défendre la nature, les arbres, réduire les déchets, mais aussi l’attention au soin, aux personnes âgées et à leur famille, à l’humain tout simplement, qui m’a conduit à développer ma nouvelle activité : j’ai lancé des pompes funèbres écologiques. Je tiens aujourd’hui l’entreprise Accmé, à Poitiers, qui est la seule à proposer cette alternative en Nouvelle-Aquitaine.

Concrètement ? Je propose des funérailles écologiques, avec en particulier des cercueils en carton / cellulose : c’est de la fibre de bois, qui correspond à des déchets de bois qui ne seraient pas valorisables autrement. Et ces cercueils sont sans colle ni solvant : ainsi, il n’y a pas de pollution des nappes phréatiques. Des cercueils tout à fait naturels !

C’est bien pour la nature, et c’est bien pour la personne qui va se reposer dans la terre. Certains y voient aussi une forme de lien spirituel avec la nature : on peut croire en ce qui nous dépasse ou pas, mais beaucoup croient, tout simplement, en le fait de respecter cette nature qui nous est offerte.

Je passe beaucoup de temps à informer de l’existence de l’alternative que je propose : au-delà de mon « gagne-pain » c’est vraiment une manière pour moi de faire vivre l’écologie. Mais il y a encore beaucoup de pédagogie à faire, car les tabous qui entourent le deuil, le regard des voisins sur le cercueil qu’on choisit, etc, sont encore très lourds. Si vous êtes curieux, n’hésitez pas à passer lors de l’un de mes prochains « Cafés mortels » !

Mon leitmotiv pour convaincre ? : « Limitez votre empreinte écologique jusqu’au bout, et partez en paix avec la Terre ! »

 

Mes rêves pour Poitiers

 

Source : Reporterre

 

Un cimetière naturel à Poitiers. Une municipalité écologiste peut être un vrai allié pour faire connaître ces alternatives funéraires écologiques. Mais plus généralement, je rêve d’un cimetière naturel à Poitiers, sur le modèle de ce qui se fait à Souché, à côté de Niort. C’est-à-dire un cimetière végétalisé, un espace totalement naturel dans son aménagement comme dans les pratiques funéraires. Poitiers a besoin d’un nouveau cimetière : pourquoi ne pas en créer un nouveau, un cimetière naturel ?

Un départ digne pour toutes et tous. Les funérailles des « indigents », c’est-à-dire les personnes qui décèdent seules, sans famille et/ou sans moyens, me semblent en particulier mériter une amélioration. Aujourd’hui, il n’y a aucun accompagnement, c’est à peine si on considère la dimension humaine des personnes décédées sans famille. Pour ces personnes, je proposerais des funérailles sobres, mais respectueuses de la nature comme de la dignité des personnes, avec au moins un temps de recueillement.