Le lundi 27 octobre, en pleine vacances scolaires, plus de 120 personnes se sont retrouvées à la Blaiserie pour une plénière publique autour d’un thème nouveau, et pourtant essentiel, la parité sociale dans la composition d’une liste municipale.
Un moment fort, à la fois émouvant, exigeant et porteur d’espoir, où habitantes et habitants ont validé deux principes majeurs pour la campagne à venir : faire de la parité sociale un pilier de la future liste et instaurer un plébiscite citoyen pour désigner ses premiers candidats.
Une salle pleine pour une ambition partagée
Dans cette salle comble, l’ambiance était à la fois studieuse et chaleureuse : des prises de parole d’habitué·es et d’autres de personnes nouvellement venues, motivées par cet enjeu de représentation de la diversité, des échanges sincères, et une conviction partagée : la politique doit être à l’image de la société.
Avant d’entendre Kevin Vacher nous expliquer ce principe de Parité Sociale, Bastien Bernela a dressé le portrait sociologique de la population à Poitiers : une ville jeune, étudiante, où 60 % des ménages sont composés d’une seule personne et où un quart des habitant·es vivent en logement social.
« Si nous voulons représenter Poitiers, c’est aussi cette diversité qu’il faut retrouver sur notre liste »
« Démocratiser la politique » : un partenaire pour repenser la représentation
Kevin Vacher est sociologue, militant et chercheur associé à Démocratiser la Politique, un collectif composé de 42 co-chercheur·euses issus de quartiers populaires. Ensemble, ils et elles travaillent sur un constat aussi simple que dérangeant : les décideurs politiques ne ressemblent pas à la population qu’ils représentent.
Pendant plus d’une heure, il a partagé les résultats de deux ans et demi de recherches menées par Démocratiser la politique et les a mis en perspective avec la réalité poitevine.
À travers graphiques, chiffres et récits, il a exposé une mécanique d’exclusion bien ancrée :
« Les classes populaires représentent 35% de la population, et à peine 30% des candidats aux élections. Et quand elles se présentent, elles n’accèdent que rarement à des places éligibles. Les obstacles ne sont pas dans leur volonté d’agir, mais dans les filtres que notre système politique met en place. »
Kevin Vacher a pu nous évoquer les résultats du rapport « Tous les mêmes ? », qui démontre que la question n’est pas tant pourquoi les classes populaires sont sous-représentées, mais plutôt pourquoi les classes supérieures sont aussi bien représentées. Il a souligné que les classes supérieures tendent à préempter les positions éligibles, créant un plafond de verre pour les classes populaires. Concrètement, en prenant l’exemple des élections municipales, même lorsque des individus issus des classes populaires parviennent à être candidates, elles se situent autour du 7ème décile de la liste, soit rarement en position d’éligibilité.
C’est ainsi que les participants ont découvert l’escalier du pouvoir.
En effet, cette image de l’escalier permet de souligner un paradoxe frappant : les classes supérieures, qui ne représentent qu’une minorité de la population, occupent plus de deux tiers des sièges à tous les niveaux de pouvoir — 87% au Parlement européen, 68% à l’Assemblée nationale.
« Si rien ne change, il faudrait attendre 2096 pour atteindre une représentation équilibrée. Ce n’est pas une fatalité, mais cela exige de repenser les règles du jeu. »
Dans son propos, il a rappelé que la parité sociale suit la même logique que la parité de genre : une lente conquête d’égalité rendue possible par des engagements politiques clairs, mesurables et assumés.
« Pour avancer, il faut de la volonté, de la transparence et une trajectoire. Ce n’est qu’à ce prix que la démocratie redeviendra vraiment représentative »
Cette intervention, à la fois documentée et inspirante, a profondément marqué les participants.
De nombreux habitants ont pris la parole ensuite, parfois pour la première fois, exprimant le sentiment d’être légitimes à s’engager et la fierté de voir un mouvement politique poser ces questions de fond, tout en rappelant que cela ne se fera pas sans engagements, aménagement et accompagnement. En effet, d’autres ont souligné l’importance de lever les barrières comme le mépris et la violence symbolique qui découragent l’engagement. La question a également été posée de la formation et de la mobilisation des équipes de la collectivité qui doivent s’adapter pour accueillir des nouveaux profils, des parcours différents et des approches nouvelles.
Poitiers Collectif, première liste à s’engager pour la parité sociale
En deuxième partie de soirée, et en réponse à ce constat d’invisibilisation des personnes issues de milieux populaires ou discriminées dans les instances politiques, Léonore Moncond’huy a pris la parole pour présenter les engagements concrets adoptés par Poitiers Collectif :
- Faire de la parité sociale un critère central dans la composition de la future liste municipale et à toutes les strates de la liste ;
- Se fixer une trajectoire d’amélioration mesurable par rapport à la liste de 2020 ;
- Julie Reynard a expliqué la nécessité de mettre en place un parcours d’accompagnement pour les nouveaux élus mais également former les élu·es aux oppressions systémiques, sur la prise de conscience de ses privilèges. Un système de mentorat pourrait également être mis en place par les anciens élus pour accompagner les nouveaux.
- Garantir une représentation équilibrée selon les critères de genre, de géographie, d’expérience et de diversité sociale.
Ces principes ont été validés à une quasi-unanimité des participants.
Un plébiscite citoyen pour une liste à l’image de Poitiers
Afin de garantir que la composition de la liste soit la plus représentative et légitime possible, les participant·es à la plénière ont également validé le principe d’un plébiscite citoyen pour les premières étapes de constitution de la liste.
Le vote, lancé en ligne à partir du 1er novembre et jusqu’au 12 novembre, ouvert aux environs 1000 abonnés de la newsletter de Poitiers Collectif, et aux participant·es à la plénière du 12 novembre pour un vote “physique”, permettra de proposer jusqu’à douze noms répartis en trois catégories : élu·es de l’actuelle équipe municipale, personnes engagées dans Poitiers Collectif, et habitant·es que l’on souhaite voir s’engager pour qui ils sont, pour ce qu’ils font. .
Les 4 premières personnes de chaque catégorie (2 hommes, 2 femmes), soit 12 personnes plébiscitées, intégreront directement la liste, à condition d’être inscrites sur les listes électorales de Poitiers, de ne pas figurer sur une autre liste et d’adhérer à la raison d’être et au programme collectif.

« C’est une manière de rendre la main aux habitants et de construire une équipe qui leur ressemble vraiment », a expliqué Charles Reverchon-Billot.
Une démarche citoyenne, exigeante et joyeuse
Poitiers Collectif s’inscrit ainsi dans une démarche citoyenne, ancrée et exigeante.
D’ici décembre, trois nouvelles plénières publiques viendront rythmer la campagne :
- le 12 novembre sur les alliances politiques, et la charte d’engagement des élu·es et annoncer les résultats du plébiscite
- fin novembre pour valider les alliances et échanger sur la mobilisation,
- et mi-décembre pour la validation finale de la liste et célébrer la fin d’année !
La soirée s’est conclue dans une atmosphère conviviale et enthousiaste, fidèle à l’esprit de Poitiers collectif.
Retrouvez le diaporama présenté lors de la plénière ci-dessous.