Retour sur notre semaine thĂ©matique dĂ©diĂ©e Ă l’Ă©ducation.
On ne peut aujourd’hui penser le futur de Poitiers, sans penser à la place de l’éducation.
Dans les politiques du quotidien, l’éducation est le premier budget de la ville, avec 30% du budget municipal. Mais nous souhaitons faire de l’éducation une priorité transversale, en plaçant l’éducation au cœur des politiques du territoire, en l’ouvrant davantage sur la ville, en nous engageant pour la qualité des espaces scolaires mais aussi périscolaires et extra-scolaires.
Alors que plus de 3 millions d’enfants ne partent pas en vacances dans notre pays, alors que l’expérience de la vie en collectivité hors cadre scolaire est à la fois reconnue et à la fois accessible à de moins en moins d’enfants, nous nous engagerons pour le droit aux vacances et aux loisirs pour tous : pas d’enfant sans vacances, pas d’enfant sans loisirs à Poitiers.
Enfin, le projet éducatif que nous voulons pour notre territoire doit répondre aux grands enjeux du XXIe siècle :
- Renforcer l’éducation nature, comme une réponse aux enjeux écologiques,
- Penser la place du numérique dans l’éducation, comme un débat incontournable du XXIe siècle,
- Penser l’éducation comme un levier de mixité sociale, pour que tisser des liens soit naturel, dès le plus jeune âge.
Retrouvez en cliquant Ă ce lien toutes nos propositions pour faire de l’Ă©ducation une prioritĂ© rĂ©affirmĂ©e Ă Poitiers !
Pour sa semaine thématique, le groupe éducation a souhaité organiser un événement intitulé « Numérique et éducation : reprenons la main ! » , qui s’est déroulée le vendredi 24 janvier, à l’Espace Mendès France.
Retrouvez-en le compte-rendu ci-dessous.
Introduction :
Avant de laisser la parole aux participants et d’élaborer ensemble des propositions à intégrer au programme de Poitiers Collectif nous avons souhaité replacer le numérique à l’école dans son contexte.
Depuis des années, le numérique a pris une place croissante dans nos vies, dans notre économie, dans nos administrations, et dans l’éducation. Mais à quel moment cet enjeu majeur de société a-t-il été mis au débat auprès des citoyens ?
Souhaitons-nous aller vers le tout-numérique ? Quels sont ses impacts, quels sont ses apports ? Mettre à disposition des tablettes dès l’école primaire, est-ce une bonne idée ? Comment éduquer les plus jeunes, et tout au long de la vie, pour se préparer au mieux aux enjeux numériques du XXIe siècle ?
Le premier engagement de Poitiers Collectif : ouvrir le débat sur ces questions, y associer l’ensemble des usagers. Cela commence par les propositions de notre programme sur ce thème, que nous soumettons à la co-construction citoyenne.
L’objectif de cette soirée était de prendre une pause et du recul face à la question du numérique éducatif notamment dans les écoles maternelles et primaires mais également dans les apprentissages tout au long de la vie.
Retrouvez ci-dessous le support introductif utilisé pour l’événement.
Qu’est-ce que le numérique éducatif ?
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Numérique éducatif, « EdTech », « e-éducation », l’ensemble de ces termes recouvrent de multiples réalités. Il est courant d’envisager ces termes dans la cadre de l’enseignement scolaire. Pourtant, compris dans le sens anglais du terme, « éducation » fait référence à tous les apprentissages, tout au long de la vie.
De la même manière, le numérique dans ce cadre appelle des imaginaires d’intelligence artificielle, de big data et autres logiciels intelligents. Si ce n’est pas complètement faux, il ne faudrait cependant pas oublier l’ensemble des dispositifs numériques et digitaux tels que les tableaux blancs interactifs ou numériques, les robots, ou encore les objets connectés.
Finalement, si nous devions définir le numérique éducatif nous pourrions dire qu’il s’agit de l’ensemble des dispositifs physiques et logiciels au service de tous les apprentissages, tout au long de la vie.
Afin d’illustrer cette définition, nous avons laissé la parole à Sandrine Grégoire, institutrice et fondatrice de Magik Eduk.
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État des lieux de la présence du numérique dans les écoles pictaviennes :
 Pour la suite de l’introduction, et parce que l’ADN de Poitiers Collectif est de partir de l’existant pour construire ses propositions, nous avons souhaité présenter un état des lieux de la présence du numérique dans les écoles à Poitiers.
PrĂ©sentation par LĂ©onore Moncond’huy.
Voir la présentation ci-dessus.
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Quel impact du numérique sur l’environnement ?
Présentation par Frankie Angebault.
Voir la présentation ci-dessus.
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DĂ©bats mouvants
Afin de lancer le débat, un débat mouvant a permis à chacun de se positionner « pour » ou « contre » une idée volontairement clivante. L’objectif était de permettre à chacun de s’exprimer sur un sujet préoccupant ou régulièrement discuté.
Les trois phrases proposées étaient :
- « le numérique ne nous simplifie pas la vie »
- « la tablette à l’école déshumanisé l’apprentissage »
- « la solution à l’illectronisme est la formation de tous ».
Le débat mouvant a permis de porter l’attention sur de nombreux points de vigilance à prendre en compte dans les mesures que nous prendrons :
- Veiller à la diversité des outils et supports d’apprentissage utilisé,s afin d’adapter au mieux les pédagogies aux enfants selon leurs différences (aussi bien en termes de fonctionnement, de besoins que d’aptitudes). A titre d’exemple, l’immédiateté de l’outil numérique ne convient pas à tout individu.
- Lors de la numérisation d’un service ou d’une démarche, s’interroger sur la diversité des compétences exigées et ses impacts en termes d’exclusion numérique.
- Prendre en compte la question de protection des données personnelles.
- Etudier la nécessité de mise en place de dispositif(s) d’accompagnement notamment concernant la numérisation dans le cadre scolaire ou administratif.
- Veiller au maintien des autres apprentissages nécessaires au développement de l’enfant : l’autonomie dans son quotidien, sa motricité, l’intelligence sociale, le développement affectif, les activités manuelles et artistiques, sa relation avec la nature, etc.
- Prendre en compte la question de notre autonomie individuelle dans les savoir-faire, qui pourraient être perdus à mesure de la numérisation de notre quotidien (GPS, voitures ultra-électronisées que l’on ne sait plus réparer par soi-même, etc).
- Prendre en compte l’impact environnemental et le coût énergétique du numérique.
- Prendre en compte l’impact à l’échelle internationale, notamment dans la raréfaction des métaux rares et les conflits qu’elle engendre.
Groupes thématiques :
Nous avons proposé aux participants de réfléchir à deux sujets : « Quelle place pour le numérique à l’école primaire ? » d’une part, et « Comment lutter contre l’exclusion numérique ? » d’autre part.
Voici le résultat des échanges et des propositions retenues :
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Quelle place pour le numérique à l’école primaire ?
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 Quatre axes se sont dégagés des échanges :
1- Associer au débat l’ensemble des acteurs liés à l’éducation et au numérique
- Mettre en débat : les objectifs visés par l’utilisation du numérique, identifier les dispositifs d’accompagnement à mettre en place, les logiciels pertinents, selon les besoins de l’enfant selon son âge et son étape de développement, mieux documenter les potentiels effets néfastes de l’outil numérique.
- Associer au débat les parents/les familles.
- Systématiser les formations, y-compris pour les familles.
2- Sensibiliser, prévenir :
- Qui ? L’ensemble des acteurs éducatifs, et notamment les familles et les enfants.
- A quoi? Les usages responsables du numérique, le développement d’un esprit critique dans l’utilisation des sites/réseaux sociaux/jeux etc., l’impact du numérique sur l’environnement et la géopolitique, l’éducation des usages, la sécurité des données personnelles.
3- Le projet Ă©ducatif
- Le numérique doit permettre des usages adaptés, voire personnalisé aux besoins des enfants,
- En particulier, utiliser des logiciels particulièrement pertinents notamment pour des élèves en situation de difficultés et de handicap.
- Le numérique doit permettre un travail partagé/coopératif et non individuel où chaque enfant a sa tablette,
- Le numérique doit favoriser l’ouverture sur l’extérieur : accès aux données mondiales avec un esprit critique, idée d’un projet éducatif lié à la ville via les tablettes (interaction des élèves avec leur environnement),
- Le numérique au service de la pédagogie par le jeu, notamment pour l’apprentissage de certaines choses jugées rébarbatives.
4- L’équipement :
- Un équipement et des logiciels adaptés et choisis en concertation avec les équipes pédagogiques,
- Un nombre de tablettes raisonnable pour une utilisation éthique et responsable (notamment d’un point de vue environnemental et de complémentarité avec les différents besoins éducatifs de l’enfant),
- Des salles avec des outils numériques disponibles pendant les temps périscolaires (partage des espaces par les salariés municipaux et ceux de l’éducation nationale)
- Être vigilant aux moyens permettant la maintenance de l’équipement.
La formation régulière des enseignants et la nécessité d’un référent numérique pour les écoles ont été également proposés, à soutenir auprès de l’éducation nationale.
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Les mesures face à l’illectronisme :
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De nouveau, avant de pouvoir Ă©changer et faire des propositions sur ce sujet, il Ă©tait important de le replacer dans son contexte.
La question de l’illectronisme est d’autant plus forte que le gouvernement actuel annonce que les services publics seront 100% digitalisés en 2022. Ce discours s’appuie notamment sur le fait que 89% des français disposent d’un équipement numérique (au moins un smartphone). Pourtant, selon une enquête réalisé par le Syndicat de la Presse Sociale, 23% des français ne sont pas à l’aise avec le numérique, soit 11 millions de personnes. Ce chiffre monte à 58% pour les plus de 70 ans. De la même manière, on estime que 15% des français sont en situation d’illectronisme (on estime que l’illettrisme touche 7% de la population). Ces différents chiffres imposent donc de penser le rapport de l’administration et des services publics au numérique et pose le problème de l’alphabétisation numérique comme un véritable enjeu de société pour permettre à tous d’effectuer ses démarches, vivre sereinement et exercer pleinement sa citoyenneté.
L’illectronisme, désignant la grande difficulté à manier les outils numériques et à utiliser internet au quotidien, touchent donc une grande variété de publics : depuis les jeunes jusqu’aux personnes âgées en passant par les personnes en situation de précarités, handicapées ou vivant dans les zones dîtes « blanches ».
À partir de ces éléments de contexte, le groupe a ainsi pu réfléchir aux actions à mettre en place face à l’illectronisme et afin de garantir l’accessibilité numérique.
- Un enjeu de formation :
Des exemples existent à Poitiers comme ailleurs en France. Des espaces proposent des formations aux personnes le désirant, avec des formateurs ou entre pairs. C’est le cas par exemple de « Déclic » à la Blaiserie, de « Tous connectés » aux Trois Cités ou de l’Accorderie à Bel-Air. Ailleurs en France, il existe également les espaces « Emmaüs Connect » proposent des services similaires. L’objectif de ces formations est de redonner confiance dans sa capacité à utiliser le numérique, de sensibiliser aux enjeux et aux risque du numériques et de ré-humaniser le numérique.
Par ailleurs, au-delà de l’apprentissage, des besoins spontanées et sporadiques peuvent être rencontré par les habitants. Afin d’y répondre, il est nécessaire que des lieux et des médiateurs soient clairement identifiés. En plus des lieux cités précédemment, les services publics qui dématérialisent ne peuvent se décharger de cette responsabilité et doivent être en mesure d’accompagner et conseiller.
Proposition 1 : Insister sur l’offre de formation numérique et soutenir les structures le proposant déjà .
Proposition 2 : Cartographier et assurer une présence physique de lieux et de médiateur numérique de proximité à tous les habitants
Proposition 3 : Pour une administration et des services publics responsables qui accompagnent et conseils les bénéficiaires et ne pas faire du numérique une barrière à l’exercice de ses droits.
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- Un enjeu d’accessibilité :
 L’utilisation d’Internet ou son incapacité ne dépend pas uniquement de la formation ou des envies. L’ergonomie des sites ou des applications, l’affichage de l’information ou la facilité de navigation peuvent également être mis en cause.
Cependant, il est important de souligner que même une accessibilité optimale ne pourra satisfaire l’ensemble des citoyens. Conscients de cette situation, une administration responsable se doit de garantir un accès aux services publics, aux aides et aux droits égal quel que soit le moyen. Poitiers collectif s’engage donc à ne pas tout dématérialiser.
Proposition : Dans la conception des sites et plateformes numériques de Poitiers, s’engager à une application stricte des critères d’accessibilité numérique.
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- Un enjeu de responsabilité :
 À partir des deux points précédents, et considérant qu’une part de dématérialisation ne peut être évitée, une approche responsable et misant sur la formation a été proposée.
Ainsi, il est proposé, que tout investissement dans la dématérialisation soit compensé par un montant corolaire dans la formation à la fois des agents et des bénéficiaires. En effet, l’accompagnement et le conseil ne peut se faire sans une formation adéquate des personnes en contact avec le public. De la même manière, il ne peut-être demandé aux citoyens et aux acteurs économiques et associatifs d’effectuer des démarches administratives en ligne si aucune aide ne leur est proposée.
Enfin :
 Penser le numérique et ses problématiques ne doit pas occulter des enjeux antérieurs comme l’illettrisme par exemple. En effet, l’illectronisme constitue une difficulté nouvelle pour la société dans la forme mais le fond reste similaire. Ainsi, les enjeux d’accompagnement, de formation, de conseil et de médiation sont les mêmes.
Il est donc majeur de mettre un terme à l’impensé du numérique et de sa généralisation à outrance. Le numérique n’est et ne doit être qu’un outil au service de l’humain. Et pas l’inverse. C’est pourquoi la proposition principale de Poitiers Collectif est d’ouvrir le débat sur le numérique (éducatif) et d’y associer l’ensemble des acteurs, citoyens, bénéficiaires et créateurs.
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Conclusion de la soirée :
Nous nous engageons Ă inclure ces propositions dans le programme que nous mettrons en Ĺ“uvre lorsque nous serons Ă©lus.
Léonore termine en présentant l’ensemble de nos propositions relatives à l’éducation, mais aussi à l’administration numérique responsable.