Depuis son lancement, Poitiers Collectif fait le choix de la transparence, afin de faire vivre au plus grand nombre la construction et le développement du projet. A l’occasion des dix premiers mois du mandat, nous vous proposons de faire un petit bilan de l’action municipale engagée par nos élu.e.s.
Après Robert Rochaud, c’est au tour d’Ombelyne Dagicour, conseillère municipale adjointe à la Démocratie locale, à l’innovation démocratique et à l’engagement citoyen, de nous parler de ses missions et de son quotidien d’élue.
Comment s’est passée l’arrivée à la mairie cet été ?
Je trouve que ces premiers mois ont été très formateurs : nous avons beaucoup gagné en compétences sur la mise en acte de la participation citoyenne. Après deux ans de réflexion pendant la campagne sur comment participer, comment faire ensemble, cela devient très concret. On se rend compte que la participation prend du temps et ne va pas de soi. C’est important de ne pas brûler les étapes. Il faut aussi questionner le lien entre la participation et la prise de décision politique : quel est le degré de partage de la décision avec les habitant·e·s ? C’est au cœur de mes réflexions.
Au-delà de ma délégation, sur le mandat en général, il y a un réel sentiment d’utilité sociale : on fait quelque chose qui va dans le bon sens. Je me bats pour que les gens soient mieux représentés, soient acteurs de leur ville et dans leur ville.
Comment travailles-tu en transversalité avec les autres élus ?
En tant qu’adjointe à la démocratie locale, j’ai une mission particulière, en plus des projets inscrits dans ma feuille de route : assister les autres élu·e·s sur la dimension participative de leurs politiques publiques. Avec les élu·e·s du pôle démocratie, nous avons un rôle de vigie, de conseil sur la méthode, et d’accompagnement à la mise en œuvre. C’est ce qui se passe pour le projet de renouvellement du quartier de la gare ou la démarche du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI 40) de Grand Poitiers: nous venons en « assistance à maîtrise d’ouvrage démocratique ». Nous avons également rédigé un livret pédagogique, qui a beaucoup aidé les autres élu·e·s à s’approprier l’échelle de la participation et à choisir les bonnes méthodes. Chaque élu·e peut désormais remplir une fiche sur le niveau de participation qu’il ou elle souhaite mettre en place pour ses projets : cela l’aide à se poser les bonnes questions.
Peux-tu citer une action, une réussite dont tu es fière ?
En interne, je suis fière de cette acculturation aux enjeux de la participation citoyenne. C’est dans les coulisses mais c’est fondamental, car cela irrigue peu à peu toutes les politiques publiques. Nous voulons renouveler les imaginaires et changer les pratiques d’action publique : il faut commencer à la racine. L’objectif final est bien de réarticuler la démocratie représentative et la démocratie délibérative, pour construire une réelle démocratie locale du « faire ensemble » qui embarque les habitant·e·s, et redonne du pouvoir d’agir à toutes et tous, y compris les plus fragiles et les plus éloignés du débat public.
En externe, les budgets participatifs connaissent un joli succès. Plus de 500 projets ont été déposés, soit le double de l’an dernier. Nos efforts pour renouveler l’esprit, rendre le dispositif plus accessible, et mener une communication de proximité, au plus près des lieux de vie des habitant·e·s, ont payé.
Quel est le lien que tu entretiens avec les habitant·e·s ?
Depuis cet automne, j’ai été régulièrement en contact avec les habitant·e·s. Il y a d’abord eu la restitution des budgets participatifs en octobre. On profitait de ce moment pour avoir des temps d’échange sur la vie des quartiers, et cela m’a permis de mieux saisir les enjeux et les réalités dans chaque quartier. Puis, nous avons organisé des diagnostics en marchant, à Bel Air, à Rivaud par exemple. Nous avons également rencontré le comité des habitant·e·s du Pont Neuf. Autant de rencontres qui permettent de s’immerger dans les réalités vécues par chacune et chacun.
Cette proximité est au cœur de notre volonté de faire de la politique autrement, en changeant de posture en tant qu’ élu·e·s. Nous ne voulons plus être dans cette posture verticale de l’élu·e qui a toujours raison, qui sait tout et qui a réponse à tout : au contraire, nous cultivons cette écoute réciproque entre élu·e·s, services et habitant·e·s.
Avec le déconfinement, je compte beaucoup sur la communication de proximité, sur les marchés par exemple, pour « aller vers » les habitant·e·s et susciter l’intérêt, donner l’envie de participer.
Et avec les instances citoyennes existantes ?
Nous avançons dans notre dialogue avec les instances citoyennes, avec la volonté de travailler en étroit partenariat. Conseils de quartier, conseils citoyens, comités de quartier, maisons de quartier … ce sont autant d’acteurs clés qui animent la vie citoyenne au niveau local et cultivent le « vivre ensemble », maintiennent le lien social dans cette période marquée par la distanciation. Nous voulons renforcer leurs moyens, les aider à se mettre en réseau, mais aussi à s’interroger sur leur rôle en tant qu’animateurs de la démocratie de proximité. C’est une manière pour nous de favoriser la mise en mouvement collective.
Tu seras fière dans six ans si ?
Je serai fière dans six ans si nous réussissons à créer cette dynamique d’engagement citoyen. Mon souhait est qu’à terme, tout le monde puisse faire de la politique au sens noble du terme, c’est-à-dire s’impliquer dans la vie de la cité. Cela suppose que les gens se sentent légitimes à participer, à prendre part aux décisions qui concernent leur quotidien, leur avenir, qu’ils en aient pour cela les outils à disposition mais aussi les moyens. Si nous réussissons à garantir cela à tou·te·s les Poitevines et Poitevins, alors nous aurons fait un grand pas.
Merci à Ombelyne Dagicour pour ses réponses et à très vite pour de nouvelles expériences d’élu.e.s !