Mercredi 17 avril, nous avons répondu à l’appel du Réseau de Coopération Décentralisée pour la Palestine, un réseau de collectivités qui portent la volonté d’entretenir soutien et amitié à l’égard des collectivités palestiniennes, et auquel a adhéré à l’unanimité la Ville de Poitiers l’an dernier. Notre rassemblement était simultané à celui d’une trentaine de collectivités, en France.
Quelques mots prononcés :
« Merci pour votre présence nombreuse, élus du Conseil municipal, associations et en particulier France-Palestine, citoyennes et citoyens.
Ce soir, nous nous rassemblons, pour témoigner de notre soutien, et pour nous recueillir autour du symbole de bougies, face aux temps extrêmement durs que traversent les citoyennes et citoyens de Palestine, en particulier à Gaza même si nous n’oublions pas la Cisjordanie.
Aujourd’hui, nous nous recueillons, parce-que nous sommes meurtris, avant tout en tant qu’humains. Nous sommes meurtris par une situation absolument dramatique, face à des massacres de civils par Israël quasiment discontinus, et une vie rendue invivable. Des familles, des hommes et des femmes comme nous, des enfants comme les nôtres, vivent la terreur dans le ventre au quotidien, vivent le ventre vide car aucune denrée n’est entrée à Gaza depuis des semaines, vivent dans le froid et l’humidité, sans électricité, et dans la peur de connaître la souffrance sans soin ni soulagement possible, à l’heure où les bombardements continuent sur les hôpitaux.
Nous sommes meurtris, en tant que citoyens, d’une génération ayant grandi dans l’idée que nous vivions une période de progrès. De progrès, au sens humain du terme, au sens diplomatique, politique, juridique du terme, avec l’émergence d’un ordre mondial fondé sur un état de droit protecteur contre la loi du plus fort, qui était encore loin d’être une réalité mais restait un idéal à atteindre, un objectif vers lequel avancer, une illusion à entretenir. Désillusion de la période contemporaine, où ces idéaux semblent reniés de toute part, et où il est en tout cas démontré que sans alliance de grande puissance pour les soutenir, ils sont inopérants.
Nous sommes meurtris, et souvent nous le sommes en notre for intérieur seulement. Face au déni socialement construit par le silence, face à un traitement médiatique déséquilibré, face au puissant récit qui voudrait nous faire croire que soutenir les palestiniens ce serait entretenir une ambiguïté avec l’antisémitisme, la dénonciation mais même la manifestation d’empathie à l’égard des palestiniens se taisent ou s’expriment à bruit tout bas.
Aujourd’hui, nous n’oublions pas la dimension politique de la situation palestinienne, qui je l’espère connaîtra un pas en avant significatif avec la reconnaissance par la France de l’État de Palestine.
Mais ce soir, nous partageons notre émotion. L’empathie, comme première arme contre la déshumanisation des palestiniens : c’était le sens de notre rassemblement ce soir.
Merci à vous »