Ecologie, justice sociale et démocratie. Voilà quels étaient les trois piliers de notre engagement lorsque Poitiers Collectif a fait le choix de présenter une liste pour les élections municipales qui ont eu lieu en 2020. C’est sur le troisième pilier que nous souhaitons nous attarder dans cette expression politique.
Un système démocratique en crise
Peu de pays sont aujourd’hui épargnés par la crise démocratique : la perte de confiance dans les institutions et dans le personnel politique ainsi que la montée de l’abstention lors des élections sont parmi les marqueurs de cette crise. Pour autant, ce n’est pas le principe de la démocratie qui est rejeté, ce sont plutôt les modalités de la démocratie représentative qui interrogent, et suscitent de plus en plus le rejet. Il existe un réel désenchantement face à des institutions françaises ayant vécu, parfois déconnectées des réalités contemporaines. Pour restaurer la confiance et l’engagement citoyen, il est crucial de réinventer notre modèle démocratique.
C’est ce que nous nous attachons à faire à l’échelle de Poitiers. Rendre la démocratie locale plus participative, entendre les revendications des citoyens, travailler en partenariat, et partager, là où c’est possible, la prise de décision. La participation citoyenne offre une réponse aux lacunes de notre système actuel. Contrairement à un modèle où les citoyens se contentent de voter tous les cinq ou six ans, la démocratie participative encourage un engagement actif et continu.
L’Assemblée Citoyenne et Populaire #1
En 2022 nous avions lancé la première Assemblée Citoyenne et Populaire de Poitiers, une centaine de citoyens et citoyennes tirés au sort, un groupe de travail mixte : entre élus, habitants et services de la mairie, des assemblées ouvertes à toutes et tous. L’Assemblée s’était exprimée pour travailler sur les incivilités dans l’espace public et le processus a donné lieu à deux propositions d’actions : la création d’un guide d’aménagement pour l’égalité dans l’espace public et une diversification des fonctions des équipements publics. Des propositions que nous nous attachons aujourd’hui à mettre en œuvre.
Si ces processus se multiplient aujourd’hui en France, la démocratie participative effective reste une nouveauté et pose de nombreuses questions. Par exemple : comment faire en sorte que les citoyennes et citoyens restent impliqués dans un processus qui va durer plusieurs mois ? En effet, allier vie professionnelle, vie sociale et vie familiale avec la participation sur le long terme à ce type de processus reste un défi. Mais les difficultés, réelles ou supposées, ne doivent pas nous empêcher d’expérimenter.
L’Assemblée citoyenne et populaire #2
C’est pourquoi, nous réitérons l’expérience, avec un modèle revu et amélioré. En septembre 2024, les élus et les services se sont mobilisés pour aller faire du porte-à-porte et aller chercher les habitantes et habitants de Poitiers afin de construire le groupe qui formera le noyau de l’Assemblée Citoyenne et Populaire #2.
Les 11 et 12 octobre une première rencontre a déjà eu lieu entre les personnes tirées au sort, les élu.es et les agent.es de la ville pour proposer des sujets.
Le 16 novembre, une séance ouverte à toutes et tous permettra de retenir un thème sur lequel nous pourrons ensuite construire un travail. Le 8 février une nouvelle session ouverte permettra de faire émerger des pistes d’actions et de confronter les idées des uns et des autres. Enfin, les 14 et 15 mars 2025 nous organisons un hackathon, un nouveau format d’atelier durant lequel les participantes et les participants élaboreront et voteront des projets pour répondre aux enjeux soulevés lors des séances précédentes.
C’est l’analyse précise de la première édition qui nous pousse à proposer ce format un peu différent : une temporalité resserrée et un noyau restreint. Nous espérons ainsi pouvoir pallier la difficulté de pouvoir conserver un groupe de travail sur le long terme. C’est en expérimentant et en multipliant ces expériences que nous pourrons recréer un modèle démocratique satisfaisant. Plus il y aura d’assemblées populaires, de conventions citoyennes, de budgets participatifs à tous les niveaux, plus nous pourrons lutter contre l’idée reçue que les « simples citoyens » ne sont pas légitimes ou compétents à participer aux politiques publiques. Car nous en sommes convaincus : personne n’est plus légitime à agir et donner son avis que les habitantes et les habitants.
Expérimenter, apprendre, avancer
Changer les habitudes n’est pas choses aisées, et la législation elle-même ne nous permet pas toujours d’aller aussi vite et aussi loin que nous le souhaiterions. Cela ne nous empêche pas d’avancer malgré tout : par exemple nous retravaillons le système des budgets participatifs pour qu’il soit mieux adapté aux réalités du fonctionnement municipal et aux attentes des citoyennes et des citoyens. Ou encore de remettre au goût du jour le droit d’interpellation.
Pour une démocratie saine : mettons les citoyens au coeur du changement
La séquence politique qui s’est déroulée au niveau national cet été montre bien à quel point il est urgent de moderniser nos institutions, à tous les niveaux, en intégrant des mécanismes de démocratie participative. Les citoyens doivent pouvoir exprimer leurs idées, débattre et participer activement à la formulation des politiques publiques. En adoptant ces principes, nous ne cherchons pas seulement à réduire l’abstention, mais aussi à revitaliser la démocratie en la rendant plus inclusive et réactive. En réformant nos institutions pour qu’elles reflètent mieux la diversité des opinions et des besoins de notre société, nous renforcerons la légitimité et l’efficacité de notre démocratie. C’est en rendant chaque citoyen acteur du changement que nous pourrons bâtir une société plus juste et plus équitable.