[Billet d’humeur] Art et culture, après la crise : intégrer l’exigence des droits culturels

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De différentes tribunes sur les conséquences de la crise sanitaire sur le paysage artistique et culturel,
deux positions émergent : la nécessité d’aider les acteurs à se relever de la crise, et le fait de saisir l’opportunité de repenser la vie artistique et culturelle.

 

Pour un fonds de solidarité « culture » !

Beaucoup de structures culturelles et artistiques vont clôturer leurs comptes 2020 avec des déficits.
D’une manière ou d’une autre, il est nécessaire et urgent qu’un fonds de solidarité « culture » soit constitué par l’Etat, un fonds que pourront abonder les collectivités territoriales. Sinon, des structures devront adopter des plans de réduction de leur activité pour se maintenir, avec toutes les conséquences artistiques, économiques et sociales que cela aura, et d’autres disparaîtront.

La puissance publique se retrouve ainsi aujourd’hui face au dilemme décrit par les deux économistes américains Baumol et Bowen en 1966 : soit ce fonds est créé, soit des pans entiers de la vie artistique et culturelle peuvent disparaître.

Si rien n’est fait, Jean-Michel Pomontel, professeur associé à l’université Paris-1 Panthéon-
Sorbonne estime : « pour ce qui est des structures privées, notamment associatives, nous sommes
possiblement face à un champ de ruines. »1.

Mais « la sauvegarde du secteur culturel est essentielle non seulement pour les travailleurs culturels,
mais pour la société tout entière »2 écrit Bernard Foccroulle, ancien directeur du Festival d’art lyrique
d’Aix en Provence.

Des constats que nous rejoignons !

Et, au-delà des mesures économiques, la crise doit servir de catalyseur à un changement d’orientation global des politiques culturelles.

 

Pour un changement d’orientation des politiques culturelles

 

Constatant qu’« un très grand nombre – voire la majorité – reste à l’écart de nos manifestations
artistiques, qu’il s’agisse du cinéma, du théâtre, de la danse, de la musique, des arts visuels, etc. » et
que « beaucoup de programmations culturelles ne sont pas suffisamment pensées en rapport avec
la diversité culturelle et sociale de nos populations. »², Bernard Foccroulle soutient que : « l’exercice
des droits culturels devrait permettre aux personnes d’exprimer leur identité, leur vision du monde,
leur humanité (…). Il faudra « intégrer cette exigence des droits culturels à l’intérieur même des
institutions et des politiques qu’elles conduisent, comme une référence essentielle de leurs
missions »².

Les politiques culturelles, poursuit-il, « devraient soutenir massivement la mobilisation des droits
culturels sur tous les terrains, y compris dans les hôpitaux, les entreprises, les écoles et les universités,
les lieux d’accueil des personnes âgées, les prisons, les quartiers. »².

Simon Gauchet, jeune directeur du Théâtre-Paysage, de son côté, appelle, dans le même esprit à
relocaliser les théâtres : « travaillons à l’invention de « théâtres situés », qui prennent soin de
l’environnement qui les entoure, qui créent pour lui et par lui, qui accompagnent aussi encore plus les
compagnies locales » en faisant cohabiter « exigence artistique et exigence démocratique »3.

A l’instar de ce que soutiennent ces personnalités, avec Poitiers Collectif, nous nous engagerons à la fois pour la sanctuarisation des aides aux acteurs culturels, de toute taille; pour le soutien à leur activité en offrant aux poitevines et poitevins une vie culturelle de l’été; et nous engagerons une politique durablement fondée sur les Droits culturels.

Vincent Gatel, candidat Poitiers Collectif

 

1 « Nous sommes face à un possible champ de ruines ! » Interview publié le 15/05/2020 dans « La Gazette des Communes ».
2 « Après la crise, qu’attendons-nous de l’art et de la culture ? » Tribune publiée le 12/05/2020 dans « Le Soir » (Belgique). Bernard Foccroulle est musicien et membre fondateur de « Culture et Démocratie ».
3 « Relocaliser les théâtres, dépayser notre art » Tribune publiée le 8/05/2020 sur le blog de Jean-Pierre Thibaudat hébergé par Médiapart. Le Théâtre-Paysage est situé à Bécherel, petite commune entre Rennes et Saint-Malo. Simon Gauchet est par ailleurs metteur en scène et artiste associé au Centre Dramatique National de Lorient.