Billet d’humeur : Impacts de la crise sur la Transition Energétique

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Comme ont pu le souligner de nombreux articles publiés ces dernières semaines, les crises (sanitaires et économiques) que nous vivons actuellement, ont un impact sur les consommations énergétiques.

La plupart de ces articles mettent en avant les impacts positifs : un des impacts directs est bien évidemment la diminution de nos consommations énergétiques ces dernières semaines (grâce à la diminution des déplacements, et la baisse des activités économiques et industrielles, liées au confinement). Certaines de ces diminutions restent très conjoncturelles (car avec le déconfinement, les activités reprennent petit à petit), mais d’autres perdureront certainement à moyens termes (le secteur aérien par exemple ne devrait pas revenir au même niveau avant des mois). Il se peut aussi que la crise économique entraine malheureusement des disparitions d’entreprises, et donc des diminutions de consommations liées à ces activités.

Un autre impact positif, sans doute à un peu plus long terme, c’est qu’avec la baisse de la demande, les investissements pour l’exploration et la production de produits pétroliers (et même gaziers) baisseraient fortement ce qui est plutôt encourageant à plus longs termes.

Cependant, ces crises n’ont pas que des aspects positifs en termes de Transition Énergétique. Et le plus flagrant, est la baisse du prix des énergies fossiles. Nombreux sont les usagers qui peuvent se féliciter de cette baisse des coûts qui permettent de redonner un peu de pouvoir d’achats aux ménages, et de rentabilité aux entreprises. Et pourtant, cette baisse de prix peut aussi être considérée comme un très mauvais signal pour la Transition Energétique. En effet, l’urgence climatique nous impose de moins consommer ces énergies fossiles, sources de gaz à effet de serre. Pour cela, il faut diminuer nos consommations et remplacer l’utilisation ces énergies fossiles par des énergies renouvelables (EnR). Or quelque soit le consommateur (particulier, entreprise, collectivité, …), ces actions nécessitent dans la grande majorité des cas de faire des investissements (isolation, équipements plus performants (voiture, chaudières, …), équipements fonctionnant aux EnR…). Et malheureusement, quand les énergies fossiles sont moins chères, ces investissements sont moins rentables (l’économie générée par la diminution des consommations est plus faible, et donc met plus de temps à « rembourser » l’investissement). Il est donc fort à parier que dans les mois qui viennent, les entreprises seront moins intéressées par ce type de projets (surtout qu’avec la crise économique, elles auront très certainement une visibilité à plus court terme) et les particuliers, dans un contexte économique incertain, seront peut-être aussi plus frileux pour ces investissements rentables sur le long terme.

C’est pourquoi les collectivités doivent aujourd’hui mettre les bouchées doubles pour faire en sorte que les objectifs fixés en termes de diminution des consommations énergétiques et de développement des EnR puissent être tenus, sans attendre une conjoncture plus favorable. Elles vont devoir faire preuve d’une volonté politique forte dans ce contexte économique non favorable à la transition, pour être exemplaire sur leurs patrimoines, mais aussi par la mise en place de dispositifs adaptés pour favoriser le passage à l’acte des autres acteurs de leurs territoires.