L’épidémie de coronavirus a révélé un certain nombre de dysfonctionnements au sommet de l’Etat, en particulier ses difficultés à anticiper et à faire toute la transparence au paroxysme de la crise sanitaire. A l’heure du soupçon et des fake news, le manque de confiance des citoyens vis-à-vis de la classe dirigeante et l’environnement anxiogène généré par la crise économique, contribuent à alimenter la crise de la démocratie représentative. L’état d’urgence sanitaire désormais en vigueur soulève quant à lui de vives inquiétudes sur le respect de nos libertés individuelles et collectives. Sa prolongation jusqu’au 10 juillet entretient par ailleurs l’idée dangereuse selon laquelle le temps de la gestion de crise et celui du débat démocratique s’opposent, suggérant l’incapacité de la démocratie à faire face.
Et si la solution, au contraire, c’était plus de démocratie ? Alors que la crise actuelle vient accentuer la personnalisation du pouvoir permise par la Constitution de la Vème République, la réponse à l’urgence sanitaire, économique, sociale et écologique, ne serait-elle pas à chercher plutôt dans la multiplicité des existences, des expériences, et des regards sur la réalité sociale ?
La période inédite que nous traversons a vu l’éclosion partout en France d’initiatives citoyennes, de réseaux d’entraide, et de forums d’échange pour débattre et rêver « le monde d’après ». Dans le sillage des Gilets Jaunes, ce bouillonnement d’idées a montré, une nouvelle fois, l’envie et la détermination des citoyen.ne.s à prendre part à la décision politique. Des ronds-points aux écrans, toutes ces initiatives témoignent, à leur façon, de nouvelles formes de sociabilité, se faisant l’écho des exigences de liberté, d’égalité et de solidarité au fondement même de la démocratie.
Si l’avenir est incertain, une chose est sûre : la crise actuelle nous place devant une multitude de défis à relever, à commencer par celui de l’inventivité démocratique. Plus de démocratie, c’est transformer nos institutions à tous les niveaux dans un objectif : redonner la parole aux citoyen.ne.s et leur permettre d’agir.
Plus que jamais, l’échelon municipal fait sens pour expérimenter la construction de nouveaux espaces de rencontre et de délibération œuvrant à décider collectivement d’un futur qui soit à la hauteur de l’urgence écologique et qui réponde aux attentes de justice sociale et de reconnaissance des plus humbles d’entre nous ; ces hommes et ces femmes – « invisibles », dirait Pierre Rosanvallon, et pourtant en première ligne face au virus – dont les existences ont trop longtemps été oubliées à l’arrogance ou à l’indifférence de nos dirigeants.
Le temps est donc venu pour les municipalités de refonder la démocratie locale et lui rendre toute sa vitalité, avec pour seul mot d’ordre, celui d’innover. La démocratie post-Covid 19 devra être audacieuse et ambitieuse, prompte à inventer de nouvelles formes de gouvernance et d’outils numériques permettant l’expression du plus grand nombre.
Ombelyne Dagicour, Théo Saget, Pierre Rigollet, candidat.e.s Poitiers Collectif