Le vélo comme outil de mobilité et de distanciation Sociale : et si le faubourg du pont neuf était réservé aux vélos et aux bus dans le sens montant ?
Elisabeth Borne, Ministre de la transition écologique et solidaire, vient de confier au président du Club des villes et territoires cyclables, une démarche de mise en place de solutions temporaires de déplacement où le vélo serait le principal moyen de transport. En effet, les transports collectifs ne pourront pas fonctionner normalement à partir du 11 mai, du fait de la distanciation sociale nécessaire. Le vélo, contrairement aux transports collectifs, favorise la distanciation sociale et est identifié par les épidémiologistes comme un moyen efficace pour lutter contre la propagation du Covid-19, et un moyen de garder une activité physique. La contribution positive du confinement à la réduction de la pollution de l’air n’est plus à démontrer, et il serait dommage que le déconfinement corresponde à un recours massif à la voiture individuelle.
C’est ce que l’on appelle l’urbanisme tactique : se saisir d’un contexte exceptionnel pour mettre en place, de manière « agile », des aménagements temporaires, qui pourraient aussi démontrer la pertinence à long terme de ces nouveaux aménagements. Bien sûr, dans un contexte de mobilité post-COVID, cela ne doit pas s’arrêter à la seule pratique du vélo, mais doit également englober les piétons et autres modes de déplacement doux.
De nombreuses villes étrangères s’y sont mises. Berlin a doublé la largeur de ses pistes cyclables pour faire face à la hausse de la fréquentation. En une nuit, Bogota en Bolivie a réalisé 76km de pistes cyclables pour favoriser la distanciation sociale. Barcelone prévoit 21 km de pistes cyclables provisoires et 30 000 m² supplémentaires pour les piétons.
En France aussi, le maire de Montpellier a ouvert le bal en annonçant la création de 2 grandes voies cyclables en mordant sur une voie automobile. Grenoble lui a emboîté le pas, et à Paris, la ville travaille à la réalisation de nouveaux aménagements cyclables simples et rapides à mettre en œuvre et envisage de bannir les véhicules à moteur provisoirement des grands boulevards au profit de la bicyclette.
Le 22 avril dernier une formation sur le sujet, organisée par le CEREMA, l’organisme national qui recense et édicte les recommandations d’aménagement de l’espace pour les collectivités territoriales, n’a pas pu satisfaire toutes les demandes. Plus de 500 collectivités territoriales ont souhaité y participer, preuve de l’intérêt de plus en plus marqué pour le développement du vélo.
Et à Poitiers ?
Pourquoi ne pas reprendre la proposition que nous avons reçue d’un cycliste Poitevin ? Il propose de réserver le sens montant de la rue du Faubourg du Pont-Neuf aux vélos et aux bus, de l’intersection avec le boulevard Coligny jusqu’à l’intersection avec les rues de Gencay et de Nouaillé.
Les véhicules motorisés pourraient être déviés par la Pénétrante pour les usagers de la route venant du Nord, le Pont Saint-Cyprien puis la rue du Faubourg-Saint-Cyprien pour les usagers de la route venant du Sud et par le Boulevard Coligny pour les véhicules motorisés venant du centre ville.
Dans le sens descendant, les cyclistes ayant approximativement la même vitesse que les automobilistes, la voie reliant le CHU au centre-ville pourrait rester autorisée aux véhicules motorisés.
Cette solution permettrait aussi de résoudre un des principaux points noirs identifiés par les cyclistes poitevins lors du dernier baromètre de la Fédération des Usagers de la Bicyclette.
D’autres axes pourraient être expérimentés ! Par exemple, réserver les voies de droite de la rocade entre le carrefour de St Benoît et le Clos Gaultier jusqu’à le porte de Paris dans les 2 sens.
Poitiers saura t-elle être une ville agile, pour s’adapter avec réactivité à ce contexte si particulier, et ouvrir vers un « monde d’après » des mobilités douces ? Le CEREMA met de nombreuses ressources à disposition des collectivités, il ne reste qu’à s’en saisir.