Qu’on les nomme centres d’animation, maisons de quartier ou centres socio-culturels, nous avons toutes et tous un jour passé leurs portes. Ces espaces, plus de 2000 en France, offrent aux enfants un accueil de loisir et ou un accueil périscolaire. Ils peuvent accompagner les jeunes dans leur orientation et leur recherche d’un premier emploi. Ils accueillent nos aîné·es (et pas seulement !) pour les aider à prendre en main les nouveaux outils numériques du quotidien. Ainsi, internet n’est plus un obstacle à la cohésion sociale, mais un levier d’émancipation et d’inclusion. Petits et grands peuvent y aller pour découvrir des activités sportives et culturelles. Et tant d’autres missions en fonction des besoins des quartiers où ils sont installés !
Des maisons de quartier fragilisées
A Poitiers, on parlera plus volontiers de maison de quartier, et elles sont au nombre de dix. Dix maisons de quartier qui, le 31 janvier dernier, ont répondu à l’appel à mobilisation national lancé par la fédération nationale des centres sociaux et socio-culturels (FCSF). En effet, la situation des centres socio-culturels en France s’est extrêmement fragilisée ces dernières années : si l’inflation qui touche également les ménages et les collectivités ne les a pas épargnés, c’est surtout l’augmentation des besoins de la population qui met parfois en péril leur action.
Pour le dire plus simplement, la réalité des maisons de quartier aujourd’hui est de trouver comment faire plus avec moins de moyens. La FCSF sonne donc l’alarme et a lancé un appel à co-responsabilité (appel disponible à la lecture sur leur site www.centres-sociaux.fr). Pourquoi co-responsabilité ? Parce que le fonctionnement des maisons de quartier repose sur de multiples acteurs et actrices du territoire : à Poitiers elles sont liées par une convention pluriannuelle tripartite qui implique l’association gestionnaire de la structure, la Mairie et la Caisse d’Allocations Familiales (CAF). L’Etat est également partie prenante de cette équation, de même que les usagers et usagères.
L’Etat, en la personne de Catherine Vautrin (ministre du travail, de la santé et des solidarités), a promis « un geste financier », sans précision chiffrée à l’heure où nous écrivons ces lignes. Cependant la tendance à l’économie des dépenses publiques, voulue par le ministre des Finances Bruno Le Maire, peut nous faire douter d’un futur soutien significatif.
Un soutien renforcé de la Mairie
Depuis des décennies, les maisons de quartier et les centres socio-culturels jouent un rôle fondamental dans notre ville. La municipalité soutient fortement leur action ! La ville met à disposition les locaux, prend en charge les « fluides » (électricité, eau) et a décidé une augmentation des subventions de fonctionnement de 4% lors du renouvellement des conventions pluriannuelles d’objectifs en 2022. Au total, ce sont près de 10 millions euros que nous dédions au soutien de nos maisons de quartier. Et nous étions à leurs côtés le 31 janvier 2024.
Un rôle essentiel pour le tissu social
Ces lieux sont des foyers de vie, d’échange et de construction collective. Ils sont le terreau fertile où s’épanouissent la solidarité, le partage des savoirs et la créativité. Les maisons de quartier et centres socio-culturels sont des leviers d’inclusion sociale. Ils brisent les barrières de l’isolement en accueillant toutes les générations et en favorisant le dialogue interculturel. Dans un monde de plus en plus fragmenté, ces espaces constituent des oasis de convivialité où se tissent des liens interpersonnels solides et durables. Les maisons de quartier ont joué un rôle essentiel à l’été 2023 lors des révoltes urbaines, elles ont su ouvrir des espaces de discussion dans les quartiers concernés et favoriser l’apaisement.
Ensuite, ces structures sont des vecteurs d’apprentissage non formel. Elles complètent le système éducatif traditionnel en offrant des ateliers, des cours et des animations adaptés aux besoins de chacun. Enfin, ces lieux créent les conditions de la démocratie participative : en favorisant la prise de parole et l’engagement citoyen, ils permettent à chacun de se sentir acteur de sa vie et de son environnement.
Les maisons de quartier incarnent les valeurs de l’éducation populaire
Des valeurs qui font aussi partie de l’ADN de Poitiers collectif. Faire avec et pas faire pour et encore moins à la place de, préférer construire avec les citoyennes et citoyens les clés de leur empouvoirement. Pour accélérer cette dynamique, les rencontres nationales de l’éducation populaire reviennent du 30 mai au 1er juin à Poitiers. En 2022 la première édition a été l’occasion de partager un état des lieux national et des perspectives pour le secteur de l’éducation populaire. En s’appuyant sur des intervenants de tous horizons, ces rencontres ont permis un cadre d’échange et de formations pour les acteurs, responsables associatifs et politiques du secteur. Enfin, elles ont été porteuses d’un plaidoyer commun pour faire connaître et reconnaître l’éducation populaire.
Cette année, la lutte contre le recul de l’accès aux droits est à l’honneur ; plus d’informations sur www.rencontres-education-populaire.fr.
Les maisons de quartier et centres socio-culturels sont les piliers d’une société éclairée, inclusive et solidaire. En favorisant l’accès à la culture, à l’éducation et à la participation citoyenne, ils contribuent à construire un monde où chacune et chacun peut s’épanouir, trouver sa place et contribuer à l’intérêt général.
L’éducation populaire est plus qu’un idéal ; c’est le socle sur lequel repose l’avenir de nos sociétés.