Revivez le meeting du 10 janvier 2020 !

Partager cet article

Partager cet article

Revivez le meeting du 10 janvier 2020 !

Salle comble pour notre première grande réunion publique ! Une soiré consacrée à la première priorité de notre programme : renforcer les solidarités.

Bravo au groupe « Solidarités » pour l’organisation de cette journée : rencontre avec des associations, puis soirée inspirante et mobilisatrice !

Revoir la vidéo de la soirée

 

A l’heure de la crise écologique, comment faire vivre la solidarité ? Suivez la réunion publique avec Léonore Moncond’huy, tête de liste de Poitiers Collectif et Damien Carême, député européen.

Publiée par Poitiers collectif sur Vendredi 10 janvier 2020

Si la vidéo n’apparait pas, vous pouvez la consulter en suivant ce lien.

Relire le discours de Léonore Moncond’huy

Il y a deux semaines, un incendie a partiellement brûlé une œuvre d’art qui constituait une forme d’igloo à partir de gilets de sauvetage retrouvés sur l’île de Lampedusa. J’ai pris une position publique, pour dénoncer cette double violence -à la stupidité d’un incendie s’ajoute la violence symbolique envers des personnes déjà durement touchées. Suite aux réactions politiques, certains ont appelé à ce que les politiques agissent sans bruit, plutôt que de parler fort.

 

Alors, c’est vrai : une grande partie de la solidarité, au quotidien, dans nos villes, est prise en charge par des associations, des bénévoles, dont la générosité quotidienne est souvent invisible, inaudible. A l’heure où les procédures en préfecture sont de plus en plus déshumanisées, c’est souvent le contact, et donc le temps qu’on accorde à chaque personne, le premier réconfort. Je souhaiterais remercier la CIMADE, Min’deRien, le Buddy System, le Toit du Monde, Welcome [un exercice de liste est toujours périlleux, car on en oublie forcément !]… Mais sincèrement, je souhaitais vraiment, au nom de Poitiers Collectif, commencer cette intervention en remerciant tous ces bénévoles, tous ces citoyens, pour leur engagement pour faire de Poitiers une ville accueillante. En réalité, une municipalité, des élus, devraient avant tout se mettre au service de leur action, pour simplement les soutenir, et les encourager. Et c’est ce que nous ferons : nous garantirons et augmenterons le soutien global alloué aux associations qui s’engagent pour les premières nécessités à apporter aux réfugiés, pour leur accès aux droits, pour leur éducation et leur apprentissage de la langue française… Et tout ce que nous pourrons faire pour faciliter la vie de ces associations, nous le ferons, en premier lieu la mise à disposition de locaux. Comment donner des cours de langue sans un local pour les accueillir ? Comment entretenir une vie associative mobilisatrice pour les bénévoles sans des locaux pour le faire ?

Et je tiens à dire que ce que nous ferons pour ces associations, nous le ferons pour toutes : la posture de Poitiers Collectif vis-à-vis des associations c’est simplement les écouter, leur faciliter la vie, en leur assurant une stabilité financière, en les aidant à trouver des locaux, en simplifiant autant que possible les procédures… Tout en respectant leur indépendance. Poitiers est la ville avec le ratio habitants/associations le plus fort, c’est une richesse extraordinaire à soutenir, à encourager.

 

Le bien ne fait pas de bruit…

… mais le mal peut en faire. Certains mouvements comme Génération Identitaire voudraient faire de Poitiers un symbole de racisme et de xénophobie – eh oui ! Poitiers serait « la ville où Charles Martel a arrêté les arabes » ! Encore le mois dernier, à Paris, une manifestation du mouvement Génération Identitaire arborait à Paris une banderole aux couleurs de Poitiers. Face à cela, je pense moi qu’il est de notre devoir de politiques de faire du bruit, de refuser, haut et fort, ces messages de haine, et d’affirmer, encore plus fort, que Poitiers doit être au contraire un symbole de résistance humaniste.

Que l’accueil inconditionnel de chaque être humain, en toute dignité, doit être un impératif qui nous anime au quotidien. Les crises écologiques à venir entraîneront des crises humanitaires et humaines majeures, et il est de notre devoir de faire notre part.

 

Le bien ne fait pas de bruit,

mais certaines personnes méritent qu’on leur donne la parole, car ils sont des éclaireurs pour nous tous. Politiques, associations, nous devons nous inspirer de leur action pour agir, à notre tour. Damien Carême fait partie de ces éclaireurs, et je le remercie sincèrement pour sa venue à Poitiers, aujourd’hui.

 

Damien Carême, en tant que Maire d’une ville terre de passage de nombreux réfugiés, Grande Synthe, a montré qu’il est toujours possible d’agir, en faveur de la dignité de chaque être humain. Compétence municipale ou pas, blocages de la préfecture ou pas : peu importe ! C’est au niveau humain que se situe son engagement, lorsqu’il construit des camps qui offrent des conditions de vie décentes, lorsqu’il s’engage, avec les associations, pour l’accès effectif aux droits de chaque personne.

 

Par cette action en faveur des migrants, Damien Carême nous montre aussi le lien indissociable qu’il existe entre crise écologique, et justice sociale, à l’échelle mondiale. La crise écologique mondiale touche en premier les plus pauvres, les plus précaires. C’est injuste, car les plus pauvres, ce sont aussi ceux qui sont le moins responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons. C’est une réalité à l’échelle mondiale, comme à l’échelle locale. Les 10% les plus riches émettent 49% des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.

Les plus précaires des précaires, ce sont les réfugiés, qui seront de plus en plus nombreux dans les années à venir, car beaucoup de populations ne pourront plus ni travailler ni vivre dans leurs territoires, qui seront devenus inhabitables. Et nous devons, collectivement, assumer la responsabilité, et construire une solidarité nouvelle. Pas la solidarité mondiale qui consiste à faire adopter aux pays « du Sud » le mode de développement qui nous a conduits dans le mur… Poitiers n’a pas de frontière directe, nous pourrions nous contenter de discours faciles, et pourtant avec Poitiers Collectif nous souhaitons aller au-delà du discours et manifester en actes notre hospitalité. Je propose que Poitiers devienne la première ville s’engageant pour l’accueil de réfugiés climatiques, par des coopérations avec les villes les plus menacées. C’est un statut qui n’est pas encore reconnu, mais qui selon certains chiffres représenterait déjà 40% des personnes déplacées dans le monde. Et nous serons fiers d’être une ville pionnière dans cette nouvelle forme d’hospitalité.

 

En France aussi, les 10% les plus riches émettent 8 fois plus de gaz à effets de serre que les 10% les plus pauvres. Et en France aussi, la crise écologique entraîne des inégalités.

Tout le monde veut de l’écologie ! Mais ce n’est pas aussi facile pour tout le monde de s’engager dans la transition, lorsque vous n’avez pas de transport en commun, vous êtes dépendants de votre voiture -c’est ce que nous disent les gilets jaunes ; lorsque vous n’avez pas un logement bien isolé, vous êtes dépendants de votre facture. C’est bien plus facile d’être écolo quand on habite au centre ville et qu’on peut se rendre au travail à pied, c’est bien plus facile d’avoir un logement bien isolé quand on a les moyens de faire les travaux soi-même.

A Poitiers, nous renverserons la balance, et nous donnerons à chacun les moyens d’agir. Les injonctions culpabilisantes, qui sont plus culpabilisantes encore pour ceux à qui leur budget laisse le moins de liberté pour agir, ne sont plus tolérables, et doivent laisser la place à de vraies solutions proposées, et surtout, mises en œuvre. Notre ambition, c’est que personne ne soit plus contraint par le système à faire des choix anti-écologiques.

Car pour réussir la transition, nous aurons besoin de tout le monde, nous aurons besoin que tout le monde puisse agir. La transition écologique doit être conduite selon un impératif de justice sociale, c’est au cœur de notre engagement pour Poitiers.

 

Nous renverserons la balance de l’injustice écologique, et pour cela le combat se fait au niveau mondial, comme au niveau local.

Ainsi, c’est aussi à l’échelle communale que Damien Carême a fait vivre ce lien entre écologie et justice sociale. Qu’il nous a montré, en tant que Maire, que lutter contre la précarité énergétique, c’est lutter contre la précarité tout court. Ce qu’a fait Damien Carême lorsqu’il a été élu, c’est qu’il a mis en place une politique ambitieuse d’économies d’énergies ; et quelques années plus tard, grâce à l’argent dégagé par cette politique, il a proposé à ses concitoyens les plus pauvres un minimum social garanti. Je réduis mon impact négatif sur la planète, à l’échelle de la collectivité, et j’assure un revenu décent à mes concitoyens les plus fragiles.

Cette expérience nous inspire. Elle peut laisser dubitatif, elle peut sembler compliquée, ou trop risquée. Mais 23,8% des habitantes et habitants de Poitiers vivent sous le seuil de pauvreté. 50 à 80 personnes, femmes et enfants compris, dormiraient dans la rue chaque soir. Que l’on parle de la précarité quotidienne, ou de la grande pauvreté : ce sont des réalités à prendre par les cornes, et non pas à cacher, comme l’a fait la municipalité actuelle au centre-ville avec la grande pauvreté.

Nous allons à la rencontre des associations depuis plus d’un an et demie maintenant. Et nous avons eu la surprise que certaines d’entre elles nous disent qu’elles se sont vu interdire des distributions alimentaires dans l’espace public du centre ville.

Et saviez-vous que les permanences d’équipes psychiatriques ne sont plus bienvenues au centre ville, et ont été recalées en périphérie ? La santé mentale, en particulier pour les personnes traumatisées par l’exil, est un enjeu majeur que nous devons prendre en charge.

Nous avons aussi été surpris du nombre de personnes témoignant de la sectorisation scolaire, qui sépare clairement les réalités sociales de notre ville dans des écoles différentes, pourtant proches de seulement quelques rues parfois.

Parlons aussi de la violence des évacuations de lieux habités par des migrants, et de l’absence globale d’écoute, d’empathie, d’humanité, des élus pour ces personnes, lorsque les associations et citoyens qui les soutiennent manifestent face aux élus.

Le slogan de campagne de notre Maire est « Poitiers, l’avenir s’écrit à taille humaine »… Je dénonce cela, car lorsque les mots n’ont plus de sens pour les politiques, c’est là qu’on perd confiance en la politique tout court. Et employer le mot « humain » quand on reste insensible à la détresse d’une partie des habitants de la ville… ça nuit à la confiance en la parole des élus, alors qu’il est urgent de la retrouver. Poitiers est une ville à taille humaine, oui, mais elle doit l’être pour tout le monde. Un centre ville propre mais inhumain : non, ce n’est pas notre projet.

 

Face à la réalité de la pauvreté, dans tous les quartiers, il nous semble qu’il faut tout tenter, qu’il faut expérimenter des solutions innovantes. Notre programme est plein d’idées :

  • Pour la pauvreté quotidienne, mettre en place un permis de louer, pour lutter contre l’insalubrité des logements à Poitiers.
  • Développer l’insertion par l’activité économique, en la mettant au service de notre projet écologique : emplois liés au maraîchage, redéveloppement d’un système de consignes, tous les emplois liés à l’économie circulaire qui sont les emplois de demain ;
  • Soutenir le lancement annoncé de l’expérimentation Territoire Zero Chômeur de Longue Durée, une bonne idée,
  • Soutenir les formes innovantes d’économie, comme l’Economie Sociale et Solidaire, que nous devons arrêter de marginaliser, car c’est vraiment dans l’innovation que se trouve l’économie et les emplois de demain. L’Economie Sociale, c’est autoriser l’expérimentation, libérer la création d’activité, soutenir la coopération et le partage de moyens humains, techniques, financier entre structures…

Alors, expérimenter le revenu minimum social, à Poitiers : pourquoi pas ? Poitiers Collectif est connu pour son audace ! Nous nous engageons à y réfléchir. Ce sera un encouragement de plus pour conduire des politiques plus ambitieuses que jamais en faveur de la transition écologique – en réduisant nos dépenses d’énergie, par exemple, avec un patrimoine municipal à énergie positive, ou avec l’accélération de la rénovation thermique des logements sociaux. Et je m’engage à ce que les économies générées par notre politique écologique contribuent au renforcement des politiques sociales pour les habitants.

 

Justice climatique, justice sociale, et la justice démocratique : voilà nos rêves pour Poitiers. Ne nous laissons pas dicter notre identité par des groupes racistes, faisons du bruit pour affirmer nos valeurs d’humanisme, d’entraide, de solidarité et de résistance. Et reprenons la main sur notre avenir, sur l’avenir de notre ville.

Reprenons la main sur notre avenir, par des décisions à la hauteur des enjeux écologiques, en mettant aux responsabilités des générations pleinement conscientes de l’urgence d’agir.

Reprenons la main, refusons que les crises écologiques, mais aussi sociales, nous conduisent à un repli sur soi, à construire des murs toujours plus hauts. Les villes les plus résistantes face aux crises ne seront pas celles qui auront le plus de bunkers, ou les murs les plus hauts, mais celles qui sauront le mieux faire vivre la solidarité et la coopération au quotidien.

A l’heure de la crise écologique, faisons d’une solidarité vivante la fierté de notre ville.